Du jamais-vu en Antarctique

L'Antarctique enregistre un nouveau record absolu : celui de la plus faible étendue de glace depuis le début de la collecte des données.


C'est la première fois que l'étendue de glace en Antarctique est aussi réduite. Elle est effectivement passée sous le cap des deux millions de kilomètres carrés, ce qui n'avait jamais été observé depuis le début de l'observation par satellites, en 1979. L'Antarctique vient donc de battre le précédent record en la matière, qui datait de 2017.

Les anomalies négatives les plus prononcées se trouvent dans la mer de Ross et dans la mer de Bellingshausen.

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De manière générale, une augmentation moyenne d'environ 1,7 % de l'étendue des glaces en Antarctique tous les dix ans par rapport au début de la collecte des données (dès les années 1970) a été remarquée. À l'inverse, l'Arctique a connu une baisse radicale de sa superficie glacée, diminuant de près de 4 % par décennie.

Il faut se rappeler que les saisons sont inversées dans l'hémisphère Sud. Ainsi l'été tire-t-il à sa fin à l'heure actuelle, et l'hiver commence à se dessiner. L'étendue de glace atteint donc sa plus petite superficie en février avant de tranquillement reprendre du poil de la bête, au fur et à mesure que les températures baissent de nouveau. Parfois, certaines portions d'eau, près du continent antarctique, sont complètement libérées des glaces pendant les mois d'été.

Deux facteurs aggravants

Deux facteurs ont largement influencé ce triste record : la chaleur accablante qui a caractérisé l'été dans l'hémisphère Sud et un phénomène particulier, l'effet de foehn.

La saison estivale 2021-2022 a été extrêmement chaude dans cette portion du monde. Les températures moyennes ont été de près de 4 °C plus chauds qu'à l'habitude sur une large portion du territoire antarctique. Certains points, notamment sur les berges à l'ouest du continent, ont souvent atteint le point de congélation.

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Le deuxième élément est l'effet de foehn, un vent chaud et sec qui circule à flanc de montagne.


Bon à savoir : L'effet de foehn est un phénomène météorologique qui survient quand un vent dominant rencontre une chaîne de montagnes. L'air froid et humide monte le long du flanc de la montagne. Comme la pression atmosphérique diminue avec l'altitude, la température de l'air baisse. La vapeur d'eau va ensuite se condenser et de la pluie peut tomber. L'air aura ensuite l'opportunité de se réchauffer, sous l'influence du rayonnement solaire. Si l'air est suffisamment stable au-dessus de la cime des montagnes, la masse va pouvoir entamer sa descente de l'autre côté du versant. Comme la pression remonte au fil de sa descente, l'air se comprime et sa température augmente rapidement. Des différences de près de 10 °C peuvent être observées d'un versant à l'autre de la montagne.

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Ce type de phénomène a donc pu accélérer la fonte des glaces, déjà largement encouragée par les températures anormalement élevées enregistrées pendant l'été austral. Mis ensemble, ces deux facteurs expliquent le record.


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