Pollution : des boules marines capturent le plastique à la dérive
Des scientifiques de l’université de Barcelone ont remarqué un comportement intéressant chez les posidonies de Méditerranée, des plantes aquatiques qui récupèrent les plastiques polluants.
En effet, les Posidonia oceanica captureraient des morceaux de plastique, créant ainsi des boules qui finiraient par s’échouer sur le rivage. Les chercheurs ont été stupéfaits de la capacité des plantes marines à filtrer et à éliminer involontairement la pollution plastique. Ils ont donc décidé de mesurer la quantité de plastique pouvant être capturée par ces prodigieuses plantes et ont fait part de leurs résultats dans une étude publiée dans le Scientific Reports.
Que sont les Posidonia oceanica ?
On retrouve les herbiers marins, où prospèrent les posidonies, dans plusieurs écosystèmes marins de régions côtières peu profondes situées entre 0,5 et 40 mètres sous la surface de l’océan. Les chercheurs ont choisi l’île de Majorque dans l’ouest de la mer Méditerranée pour leur étude en raison de la population de Posidonia oceanica présente et parce que la plus grande accumulation de débris plastiques flottants en mer Méditerranée s’y trouve.
P. oceanica in Naxos, Greece. Crédit: Mark Burgess/Wikimedia Commons. (CC BY-SA 3.0)
Ce type de plante aquatique est une espèce tempérée qui s’échoue sur les plages pendant l’automne. Mais, durant cette période, les gaines foliaires près des racines souterraines se retrouvent enfouies par les sédiments. C’est au cours de ce processus que des fibres sont libérées et finissent par former des agglomérats en forme de boule que l’on surnomme « boules de mer » ou « boules de Neptune ». Celles-ci emprisonnent alors les objets environnants, tels que de petits morceaux de plastique.
Crédit: Oplats/Wikimedia Commons. (CC BY-SA 4.0)
Les chercheurs ont découvert :
Que des débris de plastique se trouvaient dans la moitié de tous les échantillons de posidonies qu’ils ont collectés ;
Que 61,29 % des morceaux en plastique étaient de petits fragments ;
Jusqu’à 1 470 morceaux en plastique par kilogramme d’herbes marines mortes ;
Et, 17 % de toutes les boules de Neptune contenaient un certain type de morceau en plastique, le plus souvent des filaments et des fibres.
Des millions de plastiques capturés
L’étude indique aussi que davantage de recherches sur la façon dont les boules de Neptune éliminent les plastiques de l’océan pourraient améliorer les stratégies de gestion océanique et, même si la plupart des études scientifiques soutiennent l’idée que « la plupart des plastiques finissent dans le fond marin », il existe de plus en plus de preuves qu’une quantité considérable échoue à terre.
La chercheuse Anna Sanchez-Vidal, auteure principale de l’étude, a déclaré que « nous ne pouvons pas connaître exactement l’ampleur de ce transfert de plastique vers la terre. Cependant, les premières estimations de l’université de Barcelone révèlent que les « boules de Neptune » pourraient attraper jusqu’à 867 millions de plastiques par an.
D’après les informations d’Isabella O’Malley, jouraliste à The Weather Network