Une légende de 1898 refait surface

Est-ce que les légendes sont vraies ? Croyez-vous aux histoires qu’on prend plaisir à se raconter, un soir de pleine lune, au coin du feu ? Celle-ci date de 1898. C’est la légende du loup-garou de Duhamel.

Des chasseurs de la ville partent au lac Nominingue en compagnie de leur guide, Jos Niel. Mais celui-ci ne veut pas camper à l'ouest du lac, près d'un shack. Il raconte qu'une fois, il s'était réfugié dans la cabane, et, dans la nuit, avait tiré avec son fusil sur un loup-garou… En était-ce vraiment un?

C’est dans sa maison historique de Saint-André-Avellin, dans la Petite-Nation, que je fais la rencontre de Christian. Il est auteur de bande dessinée. Ce qui signifie qu’il écrit en images. Pas de mots, juste des dessins. L'œil du lecteur glisse de gauche à droite, de haut en bas, et comble l’histoire par son imaginaire.

« Moi, j'aime beaucoup évoquer ; j'aime faire travailler l'imaginaire du lecteur. J’aime que, quand on ferme la couverture, qu’on continue de réfléchir à l'œuvre, que l’histoire nous suive longtemps. » - Christian Quesnel, auteur de bande dessinée

La légende du loup-garou de Duhamel, Christian y pensait depuis une bonne quinzaine d’années. Il rêvait de mettre en images ce récit, écrit par le Québécois Louvigny de Montigny en 1898, et d’en faire une version plus moderne. Sa version s’intitule; Vengeance primitive.

Au cours de notre entretien, je n’ai pas pu m’empêcher de lui demander s’il croyait à la fameuse légende.

__« Est-ce que je crois au loup-garou ? Mais pas du tout ! Par contre, je crois beaucoup à la morale derrière ça. Je pense que si on n'est pas fortement ancré dans nos racines, on se perd facilement. On peut se faire avaler par n'importe quoi. C'est un peu pour ça que j'ai fait cette histoire-là. » __

Christian a toujours été émerveillé par la nature et les grands espaces. Depuis un moment, il avait le goût de dessiner des paysages, mais en même temps, juste des paysages, ça ne crée pas un bon récit de bande dessinée. C’est après avoir lu la légende du loup-garou de Duhamel que l’idée a germé. Le côté fantastique de l’histoire pouvait très bien s’imbriquer dans son désir de dessiner les décors de l’Outaouais. Il venait de trouver sa pierre angulaire.

« Je me suis intéressé à cette histoire-là parce que les légendes dans le genre sont assez rares. L’Outaouais, c’est des collines, des forêts, des lacs. C’est le décor parfait pour parler du loup-garou. (rire) ! »

En transformant la légende et en la mettant à la sauce moderne, Christian a voulu parler du besoin que l’homme a de dominer la nature; et de la nature, qui, à un moment donné, reprend le dessus.

P’TIT TRAIN VA LOIN

Christian a grandi au nord de Gatineau, à Saint-Pierre-de-Wakefield.

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Enfant, il était curieux de savoir ce qui se cachait derrière la colline qu’il voyait depuis sa maison. Arrivé au sommet, il y en avait une autre, puis une autre et une autre, et ainsi de suite.

Sa curiosité, il l'a forgée au cours de ces explorations, mais, aussi et surtout, dans les livres. La bibliothèque familiale se trouvait dans sa chambre. Entre Albator et Goldorak, il s’est développé comme artiste.

« Je te dirais que j'ai toujours dessiné. À l'époque, il n'y avait pas d'Internet, alors je dessinais. J’ai même récemment retrouvé des cahiers à dessins que j’ai faits quand j'avais 6-7 ans et où il y avait des Goldorak dedans. »

Dessin de Christian, enfant.

Aujourd’hui, pour Christian, le dessin prend une tout autre dimension. Chaque fois que le crayon ou le pinceau glisse sur le papier, c’est un autre moyen d’expression qui s’éveille. Ça lui permet de réfléchir et d’aller au fond de lui-même.

Dessiner lui permet de parler de n’importe quoi, même des sujets les plus délicats. C’est aussi sa porte d’entrée pour démarrer des conversations. Par exemple, quand il rencontre des gens, ici ou ailleurs, il est en contact direct avec ses lecteurs. C’est en jasant avec eux qu’il comprend l’impact positif qu’il peut avoir.

« Beaucoup de gens peuvent se prendre au sérieux quand on fait un métier comme le mien parce qu'on a une certaine exposition. Sauf qu'on n'est pas chirurgien du cerveau, hein ! On fait des comiques, on fait des bonhommes. Mais si ces bonshommes-là peuvent servir, bien c'est encore mieux. Si ça peut être utile à la société, tant mieux. Si ça peut aider les gens, si ça peut les apaiser, si ça peut les faire sentir mieux, ben, tant mieux ! »

AIMER D'AMOUR SON COIN DE PAYS

Même si dessiner c’est le travail d’un loup solitaire, Christian n’est pas antisocial pour autant. Il aime l’humain avec un grand H. C’est pour ça qu’il affectionne autant les petits milieux. Pourquoi ? Parce que les gens prennent le temps. Ils s’arrêtent pour parler, pour échanger, c’est chaleureux, convivial, simple et vrai.

« La Petite-Nation, ça représente à la fois la vie moderne et une façon d'interagir avec les autres à l'ancienne. Ce n'est pas rare que tu vas aller mettre de l'essence dans ton auto, le matin, puis que tu vas voir un attroupement de ce qu'on appelle les "petits vieux" autour de la caisse en train de jaser de tout et de rien. De météo justement. (Rire) Beaucoup. »

Sa façon de parler de l’humain me rejoint beaucoup.

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Pour lui, chaque personne est un continent à découvrir. Si on prend la peine de jaser avec les gens que l’on rencontre, on découvre des choses incroyables. On voit la vie sous un autre angle et ça nous fait grandir.

« Les humains sont comme les livres. Il faut juste ouvrir les couvertures pour découvrir qu’entre les pages, il y a plein de choses qui se passent. (Rire) »

Pour lire la légende dans son intégralité, cliquez ici
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