Chaleur automnale exceptionnelle : le changement climatique en cause?
La question se pose : cette chaleur que le Québec connaît actuellement est-elle normale? Nos experts y répondent.
Le Québec vient de battre un record de chaleur pour le mois de novembre. Il n'a jamais fait aussi chaud en novembre au Québec que cette belle journée d'hier. Simultanément, l'Organisation météorologique mondiale annonce dans son rapport provisoire sur l'état du climat en 2022 que les huit dernières années sont les plus chaudes jamais enregistrées, «sous l’effet de l’augmentation constante des concentrations de gaz à effet de serre et de la chaleur accumulée. »
S'il peut être tentant de faire le lien entre un épisode de chaleur exceptionnel et les changements climatiques, la nuance est de mise. Pour être en mesure de mettre en cause les dérèglements du climat, les événements isolés ou ponctuels ne suffisent pas. Des données recueillies à long terme permettent d'y voir plus clair.
Une tendance se dessine
Lorsque le Québec connaît des températures de plus de 20 °C en novembre, le phénomène demeure exceptionnel. Toutefois, on note qu'une tendance se dessine depuis 2010. En effet, les poussées de chaleur tardives s'allongent. Le changement climatique serait-il en cause? C'est possible. En effet, le réchauffement climatique peut augmenter l'intensité et la probabilité d'un événement.
« Depuis 2010, on a observé aussi des poussées de chaleur en automne qui ont été remarquablement longues, affirme Réjean Ouimet, météorologue. À quatre reprises, soit en 2014, en 2019 et deux fois en 2020, la chaleur d’automne s’est étirée sur 7 à 10 jours. »
Depuis les années 2000, les vagues de douceur de novembre durent de trois à neuf jours. Des maximums de 17 °C à 19 °C sont observés avec des anomalies de 11 à 13 degrés. À titre de comparaison, des anomalies semblables donneraient 37 °C en juillet et 32 °C en septembre.
À titre d'exemple, la plus haute température jamais enregistrée à l'échelle provinciale pour un mois de novembre est de 25,3 °C, observée à Saint-Anicet samedi dernier. Elle a battu de peu le précédent record datant de 2020.
Événements extrêmes
Un rapport de Carbon Brief a analysé plus de 400 études d'attribution d'événements extrêmes évaluées par des experts et portant sur des phénomènes météorologiques allant des typhons aux feux de forêt.
Sur les 152 épisodes de vagues de chaleur étudiés, le changement climatique a accru la probabilité ou la gravité de 93 % d'entre eux. Douze événements extrêmes distincts ont été considérés comme impossibles sans les transformations apportées par l'humain au climat mondial. Les vagues de chaleur qui ont frappé le Royaume-Uni, l'Inde et le Pakistan constituent de véritables événements graves.
Il est cependant difficile d'établir un lien de causalité clair entre les événements extrêmes et les changements climatiques, puisque des études réalisées sur des décennies sont nécessaires. Cependant, il semble évident qu'une influence existe, à la fois dans la fréquence et dans l'intensité des poussées de chaleur.
Avec la collaboration de Réjean Ouimet et Kevin Cloutier, météorologues.