Augmentation record du méthane dans l’atmosphère en 2021

Selon les experts de l’OMM, des stratégies doivent être mises en place pour réduire les émissions de façon drastique.

À la veille de la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27) en novembre, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) vient de publier un rapport qui démontre qu’en 2020-2021, la concentration de méthane dans l’atmosphère a connu sa plus forte augmentation depuis les 40 dernières années.

Le bulletin sur les gaz à effet de serre de 2021 ne contient pas de bonnes nouvelles. La concentration des trois principaux GES – dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4) et protoxyde d’azote (N2O) – a augmenté l’an dernier. L’augmentation du taux de méthane a été particulièrement rapide, un record depuis que les chiffres ont commencé à être enregistrés en 1984.

« Le Bulletin de l’OMM sur les gaz à effet de serre a mis en évidence, une fois de plus, ce formidable défi, qui est aussi une nécessité vitale : nous devons agir de toute urgence pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et empêcher que les températures mondiales n’augmentent encore à l’avenir », a déclaré M. Petteri Taalas, le secrétaire général de l’OMM, dans le communiqué de presse.

« L’augmentation continuelle des concentrations des principaux gaz à effet de serre, et notamment la hausse record des concentrations de méthane, montre que nous allons dans la mauvaise direction », a-t-il indiqué.

Methane-Annual-Increases-Graph-2021-WMO

L’augmentation de la concentration de méthane de 1984 à 2021. Le record établi en 2020, une augmentation de 15 parties par milliard (ppb) par rapport à 2019, a été battu en 2021 avec une augmentation de 18 ppb. (Source : OMM)

Selon l’OMM, les raisons exactes de cette augmentation du taux de méthane ne sont pas encore connues, mais sont probablement liées à une combinaison de facteurs environnementaux et humains.

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Les faits saillants du bulletin, tels que rapportés dans le communiqué : «En 2021, la concentration de l’atmosphère en dioxyde de carbone s’élevait à 415,7 parties par million (ppm), celle de méthane à 1 908 parties par milliard (ppb) et celle de protoxyde d’azote à 334,5 ppb, soit une progression de 149 %, 262 % et 124 %, respectivement, par rapport à l’époque préindustrielle, lorsque les activités humaines ne perturbaient pas encore l’équilibre naturel de ces gaz dans l’atmosphère.»

Ces augmentations sont certes inquiétantes, mais les gaz à effet de serre ne posent pas tous le même niveau d’urgence. Le dioxyde de carbone demeure l’ennemi numéro un. De tous les GES, c’est celui qu’on retrouve en plus grande abondance et le plus longtemps dans l’atmosphère. Il est à lui seul responsable d’environ deux tiers du réchauffement planétaire depuis les années 1800. Juste dans les dix dernières années, la contribution du CO2 a augmenté de 80 %.

« La priorité absolue est de réduire drastiquement et de toute urgence les émissions de dioxyde de carbone, qui sont les principales responsables du changement climatique et des phénomènes météorologiques extrêmes qui y sont associés. Ces émissions se répercuteront sur le climat pendant des milliers d’années via la fonte des glaces aux pôles, le réchauffement des océans et l’élévation du niveau de la mer », toujours selon M. Taalas.

Cela dit, une augmentation de 1 % du taux de méthane représente aussi une urgence. Il y a beaucoup plus de CO2 que de méthane dans l’atmosphère – à peu près 216 fois plus, pour être exact. Mais chaque molécule de méthane a un effet de serre plus important qu’une molécule de CO2. Comparer leurs effets à long terme est plus difficile, puisque le CO2 demeure dans l’atmosphère entre 300 et 1000 ans tandis qu’une molécule de méthane disparaît en 10 à 20 ans. Par contre, pendant leur durée de vie, les molécules de méthane peuvent retenir 80 fois plus de chaleur que les molécules de CO2.

Une augmentation du méthane dans l’atmosphère est donc une très mauvaise nouvelle pour le climat.

« Il existe des stratégies d’un bon rapport coût-efficacité pour lutter contre les émissions de méthane, en particulier dans le secteur des combustibles fossiles. Nous devons les mettre en œuvre sans tarder. » a urgé M. Taalas.

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« Nous devons transformer nos systèmes industriels, énergétiques et de transport, et l’ensemble de notre mode de vie. Les transformations nécessaires sont économiquement abordables et techniquement faisables. Le temps presse. »