Votre cuisinière au gaz pourrait nuire à votre santé et à celle du climat

Une nouvelle étude s’est penchée sur les impacts des cuisinières à gaz sur la santé et les émissions de GES. Cette fois, des chercheurs sont venus enquêter au Canada.

Mise à jour: Une nouvelle étude vient de confirmer le lien entre la popularité des cuisinières à gaz et l'asthme. La recherche publiée le mois dernier dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health a révélé que plus de 12 % des cas d’asthme chez les enfants américains peuvent être attribués à l’utilisation d’une cuisinière à gaz.


Feuilletez n’importe quel magazine de décoration d’intérieur et vous verrez probablement une cuisinière à gaz relativement dispendieuse… ou même deux ! Ces électroménagers sont devenus la pierre angulaire de nombreuses cuisines inspirées par les grands chefs, au fil des ans.

Mais selon des recherches récentes, chaque cuisinière à gaz fuit — et cela pourrait être mauvais non seulement pour votre santé, mais aussi pour l’environnement.

Inquiétudes chez les scientifiques

« Nous avons examiné de nombreuses cuisinières en Californie et nous avons constaté que la plupart d’entre elles présentaient des fuites détectables, même lorsqu’elles étaient éteintes », a déclaré Eric Lebel, scientifique principal pour le PSE Healthy Energy.

Ses collègues de l’institut de recherche à but non lucratif, basé à Oakland en Californie, étudient depuis un certain temps déjà les impacts des cuisinières à gaz. L’équipe était à l’origine d’une étude récente menée à Boston, Mass., avec l’Université de Harvard.

« Nous sommes préoccupés par les fuites de gaz naturel. Car ce type de gaz est principalement composé de méthane, et le méthane est un gaz à effet de serre connu qui est plus de 80 fois plus puissant que le dioxyde de carbone sur une période de 20 ans », a déclaré M. Lebel.

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« Et nous le savons : de petites quantités de fuites de gaz naturel sont nocives pour le climat. Ce sont de puissants gaz à effet de serre. Ainsi, nous voulons non seulement comprendre quel est l’impact des fuites de gaz sur le climat, mais aussi sur la santé publique », a-t-il ajouté.

A previous study found stoves using a pilot light leaked more than those using an electronic sparker, and roughly 80% of methane emissions happened from loose couplings and fittings between the stove and gas pipes. (Rachel Maclean/ The Weather Network)

(Source: Rachel Maclean/The Weather Network)

Une précédente étude a révélé que les cuisinières utilisant un brûleur veilleuse fuyaient plus que ceux utilisant une étincelle électrique, et environ 80 % des émissions de méthane provenaient de raccords desserrés entre le poêle et les conduites de gaz.

Une composition cancérigène

Autre aspect préoccupant : les chercheurs ont trouvé dans le gaz naturel des composés BTEX : benzène, toluène, méthylbenzène et xylènes.

« Le benzène en particulier est un cancérigène connu », a indiqué M. Lebel. Ce dernier a ajouté que l’objectif de sa dernière étude est de comprendre les concentrations de ces composés, et peut-être d’autres, dans le gaz provenant d’une cuisinière domestique et ce que cela signifie pour les propriétaires exposés à une fuite.

Cette étude a récemment amené une équipe de chercheurs de PSE à Calgary, où ils ont échantillonné 28 foyers qui se sont portés bénévoles. Ces derniers se sont également rendus dans 16 autres villes des États-Unis et du Canada, dont Toronto et Vancouver.

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« Nous pouvons voir que la cuisinière ici est littéralement la fin d’un gazoduc de gaz naturel. Ce gaz a parcouru des centaines voire des milliers de kilomètres pour arriver ici », mentionne M. Lebel.

« Ce que nous allons faire, c’est que nous allons collecter un échantillon de gaz à partir de ce point et cela nous donnera une idée de la composition des gaz non brûlés dans la ville de Calgary. Et, nous pourrons le comparer à d’autres villes que nous avons également analysées. »

Un impact notable sur l’environnement

Paul Cheliak, vice-président de la stratégie et de la livraison de l’Association canadienne du gaz, affirme que les émissions associées à la consommation de gaz naturel à la maison directement attribuées à des éléments comme les cuisinières ou les sécheuses au gaz naturel représentent un peu plus de 1 % des émissions totales de la maison.

Bien que cela ne semble pas être un gros problème en soi, cela s’additionne rapidement.

Les données les plus récentes montrent qu’il y a environ 1,2 million de cuisinières à gaz au Canada. C’est beaucoup plus qu’aux États-Unis où environ une maison sur trois possède une cuisinière à gaz, soit environ 40 millions d’entre elles.

Dans une entrevue avec NPR, un chercheur a déclaré que la quantité de méthane qui s’échappe chaque année a à peu près le même effet sur le changement climatique que le dioxyde de carbone de 500 000 voitures à essence. Certaines villes au sud de la frontière interdisent même le gaz naturel dans les maisons pour sauver la planète.

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Pour aider à réduire cette empreinte, M. Cheliak affirme que l’industrie a mélangé des gaz renouvelables dans les systèmes de gazoducs au cours des cinq dernières années pour réduire le profil d’émissions du gaz naturel que les gens consomment.

« Nous avons besoin de meilleures données sur l’air dans les maisons et les niveaux d’émission provenant de diverses sources. Et en fait, nous pensons que c’est une bonne idée », a-t-il déclaré, ajoutant qu’ils avaient travaillé avec Environnement et Changement climatique Canada sur le sujet.

Selon ce dernier, le gaz naturel est utilisé en toute sécurité au Canada depuis plus de 100 ans dans nos maisons. Mais, il encourage les Canadiens à pratiquer une ventilation efficace lorsqu’ils cuisinent sur leur cuisinière.

« La majorité des émissions que l’on trouve dans la cuisine proviennent en fait du processus de cuisson lui-même. Donc, si vous saisissez, grillez ou sautez des aliments, qu’il s’agisse d’une cuisinière électrique ou d’une cuisinière au gaz naturel », a déclaré M. Cheliak. Ce dernier mentionne que les propriétaires inquiets peuvent trouver plus d’informations sur leur site web.

Homeowners should use their hood fan when cooking anything, especially on a gas stove. Using a range hood is even more relevant for people who have smaller houses because the concentrations are going to build up a lot faster. (Rachel Maclean/ The Weather Network)

Les gens devraient toujours utiliser leur hotte pour cuisiner, en particulier sur une cuisinière à gaz. L’utilisation d’une hotte de cuisine est encore plus pertinente pour les personnes qui ont de petites maisons, car les concentrations vont s’accumuler beaucoup plus rapidement. (Source: Rachel Maclean/MétéoMédia)

Si vous envisagez de changer de cuisinière, M. Lebel indique que l’induction est la voie à suivre — une tendance qui se répand en Europe et chez les chefs respectés à travers le monde - même notre cher Normand Laprise.

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« Cette technologie existe et c’est quelque chose à laquelle il faut réfléchir alors que nous envisageons d’électrifier les maisons et les entreprises à l’avenir. »

D’après les informations et photos recueillies par Rachel Maclean, productrice médias sociaux pour The Weather Network.