Des lacs en Alaska « rotent » des bulles de méthane
Selon une nouvelle étude de la NASA, des lacs bouillonnants de méthane se forment en Alaska et dans le nord du Canada à mesure que les microbes digèrent la matière organique en cours de dégel dans le pergélisol.
Faits saillants
De nouveaux lacs se forment en Alaska à cause de la fonte du pergélisol.
La fonte entraîne aussi une augmentation de l'activité des microbes qui dégagent du méthane.
Le méthane est un GES inquiétant, car sa capacité à piéger la chaleur dans l'atmosphère est 25 fois supérieure à celle du CO2.
Un niveau de méthane élevé
Les scientifiques de la NASA qui étudient les effets des changements climatiques dans l'Arctique ont remarqué quelque chose d'inhabituel à propos des nouveaux lacs qui apparaissent dans la région : ils dégagent du méthane.
Le dégel du pergélisol entraîne la formation de lacs thermokarstiques, qui se produit lorsque la glace coincée dans le pergélisol fond et forme un cratère qui finit par se remplir d'eau de fonte. Des chercheurs participant au projet ABoVE (Arctic Boreal Vulnerability Experiment) de la NASA se sont rendus au lac Big Trail, un lac de thermokarst en Alaska, pour en savoir plus sur l'évolution du paysage arctique.
« À Big Trail Lake, c'est comme si vous ouvriez la porte de votre congélateur pour la première fois et que vous donniez toute la nourriture qu'il contient aux microbes pour qu'ils la décomposent. Ce faisant, ils crachent du méthane », a déclaré Katey Walter Anthony, écologiste à l'université d'Alaska-Fairbanks, dans un communiqué de presse de la NASA. Les niveaux de méthane sont si élevés que les effluves des bulles peuvent alimenter une flamme.
Les bulles sont capturées dans cet appareil. Lorsqu'on ouvre la valve près d'un briquet allumé, le méthane produit une belle grosse flamme. (NASA/Sofie Bates)
Les bulles de méthane peuvent empêcher la formation de glace sur les lacs. Le plan d’eau libère alors continuellement du méthane dans l'atmosphère. « Ce lac n'était pas là il y a 50 ans », explique Walter Anthony en décrivant son séjour au lac Big Trail. « Il y a des années, le sol était plus haut d'environ trois mètres et c'était une forêt d'épinettes ». Le pergélisol garde le sol et la matière végétale sous le point de congélation pendant des années. Lorsqu'il fond, les microbes peuvent enfin s’attaquer à la matière organique dégelée et libèrent du méthane et du dioxyde de carbone pendant leur digestion.
Le méthane, deuxième GES le plus abondant
De loin, le lac semble normal, mais en regardant de plus près, on peut voir des bulles flotter à la surface. Dans d'autres cas, lorsque les lacs peuvent atteindre le point de gel, les bulles forment des dômes de glace plus rugueuse. Cette rugosité peut être détectée par des radars satellites, que la NASA utilise en combinaison avec des mesures sur le terrain pour calculer les émissions de méthane des lacs arctiques.
Le tout nouveau lac Big Trail en Alaska est une des zones arctiques qui émet de plus de méthane. (NASA/Katie Jepson)
Le méthane est un gaz à effet de serre particulièrement préoccupant, car on estime que sa capacité à piéger la chaleur dans l'atmosphère est 25 fois supérieure à celle du dioxyde de carbone sur une période de 100 ans.
En plus d'être émis par des processus naturels dans l'environnement, le méthane est le deuxième gaz à effet de serre anthropique le plus abondant après le dioxyde de carbone. ABoVE mène actuellement des études en Alaska et dans l'ouest du Canada pour en savoir plus sur la façon dont l'environnement évolue et sur les conséquences pour les communautés qui vivent dans ces environnements.
Le projet indique que certains des changements les plus importants dans les régions arctique et boréale comprennent des modifications des schémas de feux de forêt, des insectes et des espèces envahissantes, ainsi que des habitats fauniques modifiés qui ont un impact sur la chasse, que les communautés locales pratiquent à des fins de subsistance.
On estime que le pergélisol est le plus grand puits de carbone sur terre, les matières végétales et animales piégées représentant 1 600 milliards de tonnes de carbone stocké, soit deux fois plus que la quantité qui flotte dans l'atmosphère.
D'après un article d'Isabella O'Malley, journaliste climat à The Weather Network.
Image bannière : des bulles de méthane gelées dans la glace en hiver. (Wang Yukun/ Moment/ Getty Images)