Les rapports du GIEC au fil du temps
Il n’est pas rare d’entendre parler du GIEC aux informations, mais savez-vous quels sont les objectifs et la raison d’être de cet organisme onusien ? Voici, en quelques lignes, ce qu’il faut savoir sur le GIEC et ses réalisations dans les 35 dernières années.
L'acronyme GIEC veut dire Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’évolution du climat. L'organisme a été mis sur pied par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) en novembre 1988. Sa création a été validée par un vote à l’Assemblée générale des Nations Unies (ONU). Le G7, dont fait partie le Canada, avait demandé la création d’un organisme neutre capable de rassembler toutes les informations scientifiques climatiques, afin de déterminer l’ampleur de l’impact de l’activité humaine sur l’évolution du climat mondial.
Le GIEC n’est pas un organisme scientifique. Son travail consiste à rassembler et à synthétiser les recherches faites par les laboratoires du monde entier, pour ensuite rédiger des rapports compréhensibles sur l’état du climat mondial. . Ces rapports sont rédigés par trois groupes de travail. Le premier groupe se penche sur les bases scientifiques des changements climatiques. Le second s'intéresse aux conséquences, à l’adaptation et à notre vulnérabilité face aux changements climatiques. Enfin, le troisième s’occupe de tout ce qui a trait à l’atténuation des changements climatiques.
Il est important de noter que les réviseurs, chargés de compiler toutes les études et de rédiger le rapport, doivent être d’accord sur l’utilisation de chaque mot et de chaque virgule du document avant qu’il soit officiellement homologué. Ce processus requiert l’unanimité.
Les rapports du GIEC ne sont jamais dévoilés d’un seul coup. On les sort toujours en trois étapes, en suivant l’ordre des trois groupes de travail. Par la suite, une synthèse des trois est compilée. C’est d’ailleurs la synthèse du sixième rapport qui vient justement d’être rendue publique en mars 2023.
Elle s'adresse aux dirigeants mondiaux afin qu’ils puissent prendre des décisions informées lorsqu’ils mettront en place (ou pas) leurs politiques pour lutter contre les changements climatiques. Évidemment, le GIEC espère que l’humanité suive ses recommandations.
Le GIEC a donc produit six rapports depuis sa création. Voici les points marquants de chacun de ces rapports.
Même si on conclut qu’il y a sûrement un lien entre l’activité humaine et le réchauffement climatique, on peine à être précis sur les impacts à venir, plaidant le manque de recherches dans plusieurs domaines.
1.0.1 Nous avons la certitude que : • Il existe un effet de serre naturel qui maintient déjà la Terre à une température supérieure à celle qu'elle aurait autrement. • Les émissions dues aux activités humaines accroissent sensiblement la concentration dans l'atmosphère des gaz à effet de serre.
On assiste, entre 1990 et 1995, à une recrudescence du nombre d’études climatiques. Le rapport regroupe déjà beaucoup plus de connaissances, non seulement sur la concentration de GES, mais aussi sur les conséquences potentielles de l’évolution du climat sur l’environnement, la société et l’économie. Cela permet au GIEC d’affirmer que l’évolution du climat depuis un siècle n’est pas d’origine naturelle : l’activité humaine y est sûrement pour quelque chose. Ce rapport servira de base aux négociations du protocole de Kyoto.
En moyenne globale, la température à la surface a augmenté de 0,3 à 0,6 °C environ depuis la fin du XIXe siècle. Cette évolution n’est vraisemblablement pas d’origine strictement naturelle. Les faits observés – les variations de la température moyenne mondiale de l’air à la surface et du profil spatial, saisonnier et vertical des températures dans l’atmosphère en particulier – concordent pour indiquer une influence perceptible de l’homme sur le climat.
Au tournant du millénaire, les changements climatiques ne faisaient pas partie de notre quotidien. Ce rapport va les propulser dans les médias et dans nos discussions. Le GIEC peut maintenant chiffrer ce qui nous attend : le réchauffement sera entre 1,4 °C et 5,8 °C d’ici 2100. C’est aussi dans ce rapport que la responsabilité humaine de ce dérèglement est clairement démontrée. Un terme apparu quelques années plus tôt prend maintenant de l’ampleur : climatosceptique.
Des preuves plus récentes et plus concluantes permettent de dire que la majeure partie du réchauffement observé au cours des cinquante dernières années est due aux activités humaines.
C’est le rapport de la certitude. Le GIEC conclut, sans équivoque, que le climat est en train de connaître un bouleversement accéléré et que l’activité humaine est au centre des changements climatiques. Il souligne que l’augmentation des températures observées depuis les années 50 est directement liée à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. On trouve dans ce rapport un chapitre entier consacré à chiffrer les impacts des changements climatiques, une première pour le GIEC.
En 2007, le GIEC a reçu le prix Nobel de la paix, conjointement avec l’ancien vice-président américain, Al Gore.
Depuis 1750, sous l’effet des activités humaines, les concentrations atmosphériques de CO2 , de méthane (CH4 ) et d’oxyde nitreux (N2 O) se sont fortement accrues ; elles sont aujourd’hui bien supérieures aux valeurs historiques déterminées par l’analyse de carottes de glace portant sur de nombreux millénaires.
Dans ce rapport, le GIEC souligne l’urgence d’agir, mais affirme aussi qu’il n’est pas trop tard si on réduit nos émissions de 40 à 70 % d’ici 2050. On y affirme que si on brûlait tous les combustibles fossiles de la planète, le réchauffement planétaire dépasserait 5 °C. Toujours selon le GIEC, une meilleure gestion dans notre production d’énergie doit faire partie des solutions d’atténuation. Ce rapport a servi de base aux négociations de l’accord de Paris.
L’influence de l’homme sur le système climatique est clairement établie et, aujourd’hui, les émissions anthropiques de gaz à effet de serre sont les plus élevées jamais observées. Les changements climatiques récents ont eu de larges répercussions sur les systèmes humains et naturels.
Ce qui surprend surtout dans ce rapport, c’est l’utilisation du terme « sans précédent » (unprecedented). Le GIEC l’utilise ici à quinze reprises, contre une seule fois dans les deux rapports précédents. Le but du 6e rapport est de permettre aux pays de voir les progrès accomplis afin de mieux évaluer leurs objectifs de réductions futures. Le document conclut qu’il n’est pas trop tard, mais qu’il faudra mettre en place des moyens agressifs de réduction et d'adaptation.
Le GIEC souligne qu'en réduisant nos émissions de 50 à 85 % d’ici 2050, la température globale pourrait atteindre entre 2 et 2,4 °C au-dessus des valeurs préindustrielles.
Il est sans équivoque que l'influence humaine a réchauffé l'atmosphère, l’océan et les terres. Des changements généralisés et rapides se sont produits dans l'atmosphère, l’océan, la cryosphère et la biosphère.
Le prochain rapport du GIEC est attendu entre 2028 et 2029.