Des colonies d’araignées plus agressives dans les zones d’ouragans
Il faudra ajouter l’agressivité des arachnides à la liste des manières dont les phénomènes météorologiques extrêmes modifient l’environnement.
Jonathan Pruitt, écologiste de l’évolution affilié à l’Université de Californie à Santa Barbara, étudie la formation et l’effondrement des sociétés animales. Spécialiste de rares araignées vivant en colonies, il s’est retrouvé l’an dernier en zones d’ouragans ou il a fait d’étonnantes découvertes.
Son équipe avait déjà établi il y a quelques années que les colonies d’araignées A. Studiosus avaient deux types de personnalités distinctes: audacieuses et agressives ou timides et dociles. Chaque araignée hériterait de ces traits de personnalité de ses parents pour ensuite se regrouper.
Les audacieuses se présentent comme un véritable escadron de guerre fondant sur tout ce qui se prend dans leur toile, alors que les timides se contentent de laisser le piège faire le travail tout seul.
Lorsque les ressources sont rares, les colonies agressives ont tendance à faire mieux, sacrifiant même quelques individus pour que tous les autres puissent manger.
En mesurant la réponse des araignées à une « proie » simulée à l’aide d’une brosse à dents électrique modifiée (en zone d’ouragans de catégorie 5, rappelons-le), son équipe a d'abord constaté que les colonies les plus agressives se trouvaient aux endroits présentant la plus forte exposition aux intempéries.
L'année dernière, Pruitt a refait cet exercice trois fois - avant la tempête subtropicale Alberto, l'ouragan Florence et l'ouragan Michael. Avant chaque tempête, il a testé l’agressivité de dizaines de colonies sur le passage du cyclone, de celles directement touchées jusqu’à celles établies aux endroits protégés de la tempête, pour un total d'environ 240 échantillons.
Son équipe a ainsi constaté que les colonies les plus agressives se trouvaient dans des endroits présentant la plus forte exposition historique aux cyclones. En comparant 13 sites d’étude, de la Louisiane jusqu’en Caroline du Nord avec des données valables pour un siècle de cyclones, ils ont aussi découvert que les colonies les plus agressives avant le cyclone avaient plus de bébés et comptaient plus d'araignées survivant à chaque tempête.
Outre l’adaptation animale au climat, une forme de sélection naturelle serait donc à l’œuvre ici, liant directement aux phénomènes météorologiques extrêmes la combativité de plus en plus grande de ces peuplements d’araignées.
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