Rapport du GIEC : « alerte rouge » pour l'humanité

Toutes les régions de la Terre sentent les effets des changements climatiques, mais les scientifiques considèrent qu'un certain espoir subsiste.


À tous les six ou sept ans, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) publie un rapport qui offre une évaluation complète de la science actuelle au sujet des changements climatiques, incluant les causes connues, les impacts potentiels et les stratégies d'adaptation et de mitigation.

Cette année, le GIEC a dévoilé la première de trois parties de leur 6e rapport, qui est considérée comme la mise à jour la plus significative sur l'état actuel du climat depuis le précédent rapport, publié en 2014.

Le constat est clair : « Le rapport d'aujourd'hui est une alerte rouge pour l'humanité. Les cloches d'alarme sont assourdissantes, et les preuves sont irréfutables : les émissions de gaz à effet de serre liées aux combustibles fossiles et la déforestation étouffent notre planète, mettant la vie de milliards de personnes à risque. Le réchauffement global affecte toutes les régions de la Terre, et plusieurs de ces changements pourraient devenir irréversibles », a statué le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres.

Les auteurs du rapport ont révisé des milliers d'études scientifiques, de documents gouvernementaux et d'informations en provenance des industries, en plus d'autres preuves, afin de déterminer le niveau de confiance de chaque affirmation.

Avec davantage de précision que par le passé, le GIEC affirme : « Les récents changements du climat sont globaux, rapides et s'intensifient ». Ils concluent également que «[...] plusieurs événements météorologiques et climatiques extrêmes, comme les vagues de chaleur, les précipitations diluviennes, les sécheresses et les cyclones tropicaux sont devenus plus fréquents et plus sévères ».

En dépit de ces nouvelles, les scientifiques estiment que, puisque les causes de cette crise sont connues, les solutions le sont aussi.

L'optimisme a commencé avec l'Accord de Paris, qui a établi le besoin de limiter le réchauffement global à 1,5 °C de plus que les températures pré-industrielles. Cet accord sera revisité et les engagements qui en ont découlé, réévalués, lors de la Conférence de Glasgow sur les changements climatiques (ou COP26), qui se tiendra les 11 et 12 novembre prochains.

Eddy Perez, analyste principal des relations diplomatiques et gouvernementales pour le Réseau action climat Canada, l'affirme clairement : « Ce rapport confirme que limiter le réchauffement global à 1,5 °C n'est pas négociable. C'est le seul choix qui s'offre à l'humanité pour un futur sécuritaire et prospère, et c'est encore possible. Nous devons nous battre pour reconstruire notre relation brisée avec la nature et avec nous-mêmes. Nous devons nous battre contre tous les délais qui bloquent une action climatique urgente. Il n'y a pas d'autre option à l'élimination progressive des combustibles fossiles et à la réduction des émissions dans la moitié de cette décennie. »

Parmi les recommandations mentionnées dans le rapport, on retrouve notamment la diminution immédiate des émissions de gaz à effet de serre ; un effort accru pour atteindre des systèmes énergétiques caro-neutres aux échelles nationales ; retirer du dioxyde de carbone de l'atmosphère à l'aide de la reforestation, de la restauration des milieux humides et des biotechnologies (qui capturent directement le carbone).

Faits saillants

  • En 2019, les concentrations de dioxyde de carbone dans l'atmosphère étaient les plus élevées jamais observées en au moins deux millions d'années.

  • La température de surface globale était supérieure de 1,09 °C en 2011-2020 qu'au cours de la période 1850-1900 avec une augmentation plus marquée dans sur les terres (1,59 °C) qu'à la surface de l'océan (0,88 °C).

  • Les probabilités que les extrêmes de chaleur soient devenus plus fréquents et plus intenses sur la majorité des terres depuis 1950 se chiffrent à 99 %.

  • Les températures globales continueront d'augmentier au moins jusqu'en 2050, même si toutes les émissions de gaz à effet de serre cessaient d'être émises aujourd'hui.

  • Le niveau de la mer a augmenté de 20 centimètres au cours de la période 1901-2018.

  • L'influence de l'humain est le principal facteur (une probabilité de 90 %) derrière le retrait des glaciers depuis les années 1990.

  • Au cours de la période 2011-2020, les niveaux de glace moyens dans l'océan Arctique ont atteint leur point le plus bas depuis au moins 1850.

  • Au cours des quatre dernières décennies, il est probable (probabilité de 66 %) que la fréquence d'ouragans majeurs (catégorie 3 à 5) ait augmenté.