Changement climatique : une véritable catastrophe en Espagne
Les catastrophes naturelles ne sont jamais dues à un seul élément. Elles sont toujours le résultat de la conjugaison de plusieurs facteurs. Les inondations monstres qui ont frappé l’Espagne cette semaine ne font pas exception. Voici les différents éléments qui sont responsables de cette tragédie humaine et la manière dont elle a été exacerbée par les changements climatiques.
1- Le courant-jet
Celui-ci se forme à la jonction des masses d’air chaud et froid. Plus la différence de température est grande, plus le courant-jet sera actif. Normalement, cette différence est assez grande entre le pôle et les tropiques, pour que le courant-jet circonscrive l’air plus froid au-dessus du pôle. Depuis quelques décennies, les pôles se réchauffent rapidement. La différence de température entre les pôles et les tropiques n’est plus aussi grande. Ceci a pour effet de ralentir le courant-jet.
En circulant plus lentement, il a tendance à se déformer et à prendre une forme de méandre prononcé. C’est alors que peut se former une goutte froide. Ce terme désigne une portion de l’atmosphère où l’on retrouve de l’air froid en altitude autour duquel la circulation est fermée. C’est à l’intérieur de cette circulation que va se former une dépression qui sera captive. C’est la goutte froide.
Imaginez une petite baie presque isolée en retrait d’une rivière. L’eau n’y circule pas aussi rapidement que dans la rivière. Elle y est beaucoup plus calme. Les gouttes froides, puisqu'elles sont détachées de la circulation principale, se déplacent très lentement. La dépression qui se trouve à l’intérieur va donc faire du surplace et déverser de la pluie au même endroit pendant une longue période.
2- La température de l’eau
Une eau anormalement chaude injecte dans l’atmosphère une plus grande quantité de vapeur d’eau que de l’eau froide. Puisque l’Atlantique et la mer Méditerranée sont beaucoup plus chauds que la normale, les spécialistes estiment que l’atmosphère a absorbé 9 % plus de vapeur d’eau qu’en temps normal. Toute cette vapeur d’eau se traduit en de grandes quantités de précipitations qui s'abattent sur une région donnée.
3-La topographie
C'est un joueur important. Lorsque de l’air chaud et humide se bute à une formation montagneuse, il a tendance à se déplacer vers le sommet de ces montagnes. Une fois en altitude, là où il fait plus froid, l’humidité que contient l’air va se condenser et former des nuages qui donneront des précipitations. C’est pourquoi le flanc des montagnes qui se trouve sous le vent enregistre toujours plus de précipitations que l’autre côté de la chaîne de montagnes.
4-Les zones urbaines
Normalement, le sol absorbe une grande partie des précipitations. Malheureusement, puisque les villes sont largement bétonnées, elles deviennent tributaires de la capacité d’évacuation de leurs réseaux d’égout. Les risques de débordements et d’inondations y sont donc plus élevés que dans une région rurale.
Plus d'un an de pluie en huit heures. Détails ici.
Résultat
Une dépression qui se déplace lentement dans l’Atlantique a poussé l’ai chaud chargé d'humidité contre les montagnes de la côte est espagnole pendant une longue période. Les changements climatiques favorisent le réchauffement de l’Arctique et, par conséquent, la déformation du courant-jet. Ils sont aussi responsables de la chaleur accumulée dans les mers et les océans. Selon les spécialistes, ce type de phénomène météorologique a plus de 200 fois plus de risques de se produire à cause des changements climatiques par rapport à un monde sans émissions.
En conclusion, oui, les changements climatiques vont nous apporter une recrudescence de ce type de phénomène, mais puisqu'ils sont le résultat d’une conjugaison de facteurs, ils ne se produiront pas toujours au même endroit et c’est tant mieux.
Avec la collaboration d'Alexandra Giroux, météorologue.