Le Canada était un des points chauds du monde en mai
La Terre a subi un des mois de mai les plus chauds des 172 dernières années. D'après un reportage de Scott Sutherland, analyste à The Weather Network.
Selon la NOAA et la NASA, le mois de mai 2023 était le troisième plus chaud depuis le début de la collecte de données dans les années 1800. Selon ces données, seuls les mois de mai 2020 et 2021 étaient plus chauds.
Les données européennes du Service Copernicus concernant le changement climatique quant à elles rangent mai 2023 au deuxième rang, ex aequo avec mai 2015. Les données de l’Agence météorologique du Japon le classent encore plus haut : ce serait le plus chaud depuis mai 1891.
Les cycles saisonniers des anomalies de température depuis 1880, avec un point indiquant le mois de mai 2023. (NASA GISS)
Selon la NOAA, la chaleur record des océans est un facteur aggravant. La température de surface des océans en mai était 0,85 °C au-dessus de la moyenne du 20e siècle — près d’un dixième de degré de plus que le dernier record, qui date du super El Niño de 2016.
C’est remarquable, quand on pense qu’en mai 2016, nous étions au milieu d’une phase El Niño qui fracassait des records. En 2023, la nouvelle phase El Niño n’a pas encore officiellement démarré.
Anomalies dans la température de surface des océans pour tous les mois de mai de 1850 à 2023, comparés à la moyenne du 20e siècle. Mai 2023 est le point le plus chaud des 173 records mensuels. (Source : NOAA NCEI)
En se basant sur les températures des cinq derniers mois et des comparaisons avec la progression mois par mois des températures dans les années précédentes, les analystes de la NOAA donnent à 2023 des chances de 90 % de devenir une des cinq années les plus chaudes jamais enregistrées, et 50 % des chances d’être parmi les trois premières.
Le Canada aux extrêmes
Pendant le mois de mai, l’Ouest canadien était aux prises avec un dôme de chaleur extrême alors qu’au Québec, c’était plus frais.
Même si la NOAA classe le mois de mai comme le 11e plus chaud aux États-Unis, la chaleur extrême au Canada l’a catapulté au premier rang pour le continent nord-américain.
L’intensité de la chaleur est encore plus évidente quand on regarde le portrait mondial. La carte ci-dessous montre les anomalies de température à l'échelle planétaire (comparées avec la moyenne sur 30 ans entre 1991 et 2020). Le Canada se démarque, surtout à l’est des Territoires du Nord-Ouest et à l’ouest du Nunavut. Mais pas au Québec.
Anomalies de température moyenne terrestre et océanique en mai 2023 (comparé à la moyenne 1991-2020) (Source : NOAA)
Manque record de glace
Le couvert de glace en Antarctique poursuit sa triste lancée depuis la fin de 2022 et les premiers mois de 2023, pour atteindre un triste record en février, dépassant le record de l’année précédente.
Depuis le début de mai, le couvert de glace demeure à un bas niveau historique. En date du 22 juin, deuxième journée de l’hiver austral, on compte environ 11,3 millions de kilomètres carrés de glace autour de l’Antarctique. Comparé à la même date en 2022, alors qu’on venait de battre un record, il nous manque plus de 2 millions de kilomètres carrés de glace cette année.
Le couvert de glace en Antarctique en millions de kilomètres carrés, en date du 22 juin 2023, comparé aux années précédentes jusqu’en 1979. Le graphique rapproché montre une vue plus claire de la différence entre cette année et le record précédent datant de 2022. (Source : NSIDC)
Niveau record de CO2
Une des forces qui propulsent la chaleur et la fonte des glaces est le niveau record de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.
Selon l’Organisation météorologique mondiale, le niveau de dioxyde de carbone mesuré à l’observatoire de Mauna Loa à Hawaï était de 424 parties par million en mai, continuant son ascension à des niveaux jamais enregistrés. Mauna Loa est la référence pour la Veille de l’atmosphère globale de l’OMM. Il s’agit d’une augmentation de 3,0 ppm en comparaison à mai 2022.
Avant la Révolution industrielle en remontant jusqu’à 800 000 ans, le niveau de CO2 dans l’air a certainement fluctué, mais toujours autour d’une moyenne d’environ 280 parties par million. Maintenant que nous atteignons régulièrement des pics de 420 ppm, on estime une augmentation de 50 % comparé à la moyenne préindustrielle.
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