La « glace zombie » du Groenland : un risque pour le niveau de la mer
Une nouvelle étude a révélé que même si toutes les émissions mondiales de gaz à effet de serre cessaient aujourd’hui, la calotte glaciaire du Groenland perdrait encore 110 000 milliards de tonnes de glace.
Cette perte engendrerait une élévation moyenne du niveau de la mer d’au moins 27 centimètres, selon l’étude menée par le Service géologique du Danemark et du Groenland (GEUS). Un chiffre inquiétant, et c’est le meilleur scénario.
Interviewé par l’Associated Press, Jason Box, auteur principal de l’étude et professeur au GEUS, a déclaré que la « glace zombie » est la coupable et est « un pied dans la tombe » pour les parties vulnérables de la calotte glaciaire.
Mais qu’est-ce que la « glace zombie »? Il s’agit de la glace attachée à des zones plus épaisses de la calotte glaciaire qui ne reçoit plus de neige. Sans nouvelles couches de neige soufflant des zones plus froides, la glace est vouée à fondre entièrement.
Un sombre portrait
« Dans le scénario prévisible où le réchauffement climatique perdure, la contribution de la calotte glaciaire du Groenland à l’élévation du niveau de la mer ne fera qu’augmenter. Si on prend l’année de fonte extrême de 2012 comme un climat constant moyen hypothétique, plus tard ce siècle, la perte de masse estimée de la calotte glaciaire du Groenland aura doublé jusqu’à 78 cm », a déclaré M. Box.
Par ailleurs, les chercheurs n’ont pas pris en compte l’eau de fonte libérée par l’Antarctique ou d’autres glaciers dans leurs projections. Ceci signifie que l’élévation future du niveau de la mer serait probablement bien supérieure à leurs estimations.
Le professeur Jason Box prélève des échantillons sur la glace exposée située sous la ligne de neige de l’inlandsis du Groenland, dans l’ouest du Groenland, pendant la saison de fonte. (source : Service géologique du Danemark et du Groenland, GEUS)
Une collecte de données différente
La méthode utilisée par les chercheurs pour calculer la quantité minimale de fonte qui pourrait se produire à partir de la calotte glaciaire du Groenland est une nouveauté dans la communauté scientifique. Le communiqué de presse de l’étude mentionne que plusieurs ont été étonnés « par la simple rumeur précédant la publication de l’article scientifique ».
Pour mesurer la calotte glaciaire de 2000 à 2019 afin de calculer la masse qui a été perdue et à quel point la calotte glaciaire est déséquilibrée, les chercheurs ont utilisé des satellites. Cette méthode diffère de celles des autres études, qui reposent habituellement sur des modèles informatiques pour simuler l’écoulement des glaces et d’autres facteurs climatologiques.
Pour cette étude, les chercheurs ont analysé de près la ligne de neige, une zone située entre la partie de la calotte glaciaire qui fond en été et la partie qui reste gelée grâce à la neige hivernale qui la recouvre. La ligne de neige peut se retrouver plus haut le long de la calotte glaciaire pendant un été chaud, ce qui augmente la zone de fonte. Elle peut aussi se situer plus bas, près de l’océan, lors d’années plus froides.
Partie de la calotte glaciaire du Groenland se terminant dans l’océan sous forme de glacier. (Baptiste Vandecrux/GEUS)
Plus de 100 millions de personnes touchées
Après cette collecte de données, les lois de la physique ont été appliquées pour comprendre comment la calotte glaciaire se restabiliserait pour compenser la perte de masse. Les chercheurs ont conclu que la calotte glaciaire devrait perdre au moins 3 % de sa masse. Le professeur Box note cependant qu’un inconvénient de la méthodologie est qu’il n’y a pas de calendrier pour le taux de fonte. Il a cependant déclaré que l’augmentation du niveau de la mer se produirait principalement avant 2100.
Ainsi, des centaines de millions de personnes dans les communautés côtières partout dans le monde seront touchées par l’élévation du niveau de la mer.
D’après les informations recueillies par Isabella O’Malley, journaliste à The Weather Network.
Image bannière : reflets d'une grande calotte glaciaire de l’est du Groenland sur l’océan Arctique. (Mariusz Kluzniak/Moment/Getty Images)