Les chiffres le prouvent : les hivers montréalais ne sont plus les mêmes
Montréal n'a pas connu de jour à -30 °C depuis 1994. Explications, chiffres à l'appui.
Avec la vague de froid qui a sévi début février, j’ai voulu vérifier si le climat montréalais suivait la tendance du réchauffement climatique mondial. Ces épisodes de froid intense en font toujours douter certains à propos du réchauffement climatique. Mais les chiffres ne mentent pas.
Samedi 4 février dernier, au petit matin, le mercure indiquait -29,5 °C à Montréal. Toute l'équipe était sur le qui-vive. On voulait atteindre le chiffre magique de -30 °C, une valeur qui n’a pas été observée à Montréal depuis janvier 1994, il y a presque 30 ans.
Remontons dans le temps
Pour comparer les conditions d’une journée avec la moyenne, on utilise un bloc de 30 ans comme référence. J’ai donc reculé de 60 ans et divisé la période en deux pour comparer les deux climats, afin de déterminer si on assiste déjà à un réchauffement climatique chez nous. J’ai donc comparé les données climatiques de 1961 à 1990 à celles de 1991 à 2020. Le constat est affolant.
Au cours des trente dernières années (91-20), nous avons atteint la barre des -30 °C à cinq reprises à Montréal. Dans les trente années précédentes (61-90), on avait observé -30 °C 19 fois.
Même son de cloche pour les journées où il a fait -20 °C ou moins. Pour la période 61-90, j’ai compté 548 jours où cette valeur a été enregistrée. C’est bien plus élevé que pour la période 91-20, où le mercure a atteint -20 °C seulement 377 fois. En moyenne, on observait ce genre de froid 18 fois par an entre 1961 et 1990, contre 13 fois par an au cours des trois dernières décennies. Cela représente une différence de 30 %.
J’ai par la suite comparé les températures moyennes des mois de janvier et de février pour les deux blocs de trente ans. La moyenne de janvier pour la période 61-90 est de -10,4 °C tandis que pour la période 91-20, elle est de -9,12 °C. Même chose en février: la moyenne est passée de -9,5 °C pour la période 61-90 à -7,7 °C pour la période 91-20.
Selon les données les plus récentes, la Terre s’est réchauffée de 1,2 °C depuis l’ère préindustrielle. Montréal a connu la même amplitude, mais en seulement trente ans. Le réchauffement est encore plus important en février, puisque Montréal s’est réchauffée de près de deux degrés si on compare les données de 61-90 avec celles de 91-20.
Autre question intéressante: le mois de février est-il souvent plus froid que janvier? C’est à partir du mois de février que le soleil devient un peu plus efficace. C’est aussi à partir de février que les normales recommencent à monter. Il est donc normal que février soit plus chaud, en moyenne, que janvier. Pour la période 61-90, j’ai compté 14 mois de février plus froids que janvier. C’est presque 50 %. Cependant, cela n’est arrivé que 8 fois durant la période 91-20, soit environ 35 % du temps.
Cette compilation de données nous permet d’apprécier la modification du climat montréalais en seulement quelques décennies. Rappelons que si nous atteignons l’objectif de l'Accord de Paris, soit une hausse planétaire de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, le réchauffement à nos latitudes sera environ le double du de l'ampleur du réchauffement mondial.