Les changements climatiques mettent à risque la santé des Canadiens

Un récent rapport, rédigé par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et publié par Santé Canada, conclut que les changements climatiques auront un impact majeur sur la santé des Canadiens.

Il était temps

Le dernier rapport de cette ampleur date de 2008. Heureusement, pour celui-ci, nous avons pu nous baser sur de nombreuses études qui ont été réalisées depuis, souligne madame Campagna. Le plus récent rapport met en lumière les nombreux impacts des changements climatiques sur les communautés autochtones. Plusieurs d’entre elles n’ont déjà pas un accès direct à l’eau potable. La hausse des températures sera responsable d’une augmentation des périodes de sécheresse et la baisse du niveau des réservoirs d’eau douce augmentera la concentration de contaminants. Ceci aura un impact important sur la santé de ces communautés.

On s’attend à un changement dans le régime de précipitations faisant place à une augmentation du nombre de journées de sécheresse et du nombre de journées avec des pluies torrentielles. Malheureusement, une forte pluie sur un sol sec cause surtout du ruissellement. La terre n’en profite pas, car seulement une toute petite quantité de cette eau réussit à se frayer un chemin jusque dans la nappe phréatique.

Selon le rapport, des sécheresses plus prolongées causeront une augmentation des feux de forêt. Ceux-ci sont souvent responsables d’évacuations qui ajoutent un stress sur les réfugiés. Non seulement il y a un impact sur leur santé mentale, mais toute la fumée émise par ces gigantesques brasiers augmente les risques de problèmes respiratoires. Puisque les changements climatiques continueront d’être responsables d'événements extrêmes plus fréquents, les impacts sur la santé des Canadiens seront de plus en plus importants. Entre 2013 et 2018, les coûts sur le réseau de la santé associés aux feux se sont élevés à 20 milliards de dollars.

Il existe des pistes de solutions

Selon madame Campagna, il est impératif de prendre des mesures d’adaptation. Le verdissement des villes en est un bon exemple. Il comporte de nombreux bénéfices : les arbres réduisent l’impact de la pollution, rafraîchissent les îlots de chaleur et favorisent l'absorption de l’eau de pluie par les sols. La chercheuse pense que tous doivent faire des efforts pour que l’adaptation nécessaire soit mise en place par les nombreux acteurs de notre société. Les citoyens doivent se préparer en se demandant comment se garder au frais lors de périodes de chaleur extrême. Les municipalités doivent aménager plus d’espaces verts et prendre des mesures pour limiter les impacts futurs d’inondations en milieux côtiers.

Les gouvernements, quant à eux, doivent investir massivement dans la protection et la prévention, particulièrement au niveau de la santé. Chaque dollar investi en adaptation réduit les coûts au moment d’une catastrophe naturelle. Plusieurs études démontrent déjà que l’exposition à la verdure et aux parcs en milieu urbain améliore la santé mentale, augmente le rendement scolaire chez les enfants, améliore la santé cardio-vasculaire et permet aux aînés de guérir plus rapidement. Madame Campagna souligne également que s’il était possible de fournir aux gouvernements toutes les statistiques économiques des bienfaits du verdissement de nos agglomérations, ils réaliseraient que c’est un excellent investissement.

Il faudra aussi revoir notre façon de se déplacer en ville. Remplacer nos voitures à essence par des véhicules électriques ne réglera pas tous nos problèmes. Surtout avec la population qui augmente, on va quand même se retrouver avec un plus grand parc automobile. La présence de plus de voitures veut aussi dire plus d’accidents, un risque accru pour les piétons et les cyclistes et une ville où il est difficile de marcher en toute quiétude. L’utilisation de plusieurs moyens de transport sera la solution de l’avenir : les courtes distances se feront à pied ou à vélo, l’automobile restera une bonne façon de se déplacer sur de moyennes distances, et pour les longues distances, les autobus ou les trains sauront vous accommoder. Dans le contexte des changements climatiques, un seul moyen de transport n’aura jamais autant de bénéfices qu’une panoplie variée de modes de transport.

Les scientifiques s’entendent pour dire que les pays situés sur les latitudes plus élevées, dont le Canada, se réchaufferont deux fois plus que la moyenne globale. Madame Campagna rappelle que depuis le début de l’ère industrielle, le pays s’est déjà réchauffé de 1,5 °C et qu’on se dirige vers une hausse de 4 °C d’ici la fin du siècle. Plus on attendra pour mettre en place des mesures d’adaptation, plus l’impact économique des changements climatiques sera élevé.