Le garde-manger de l’Italie subit une cure minceur
Des images prises par l’Agence spatiale européenne montrent que le niveau du fleuve est tellement bas que plusieurs kilomètres de son lit sont maintenant complètement exposés.
Le Pô, qui s’étend sur plus de 650 km, est le plus long fleuve d’Italie. Il prend sa source dans les glaciers des Alpes. Ceux-ci sont grandement mis à mal par les changements climatiques. En effet, le recul des glaciers coupe le Pô de sa source d'approvisionnement à tel point que le fleuve est maintenant à un niveau historiquement bas.
Les terres irriguées par le Pô sont responsables de 40 % de la production agricole du pays. Certaines régions de son bassin hydrographique n’ont pas reçu de pluie depuis près de quatre mois. Il s’agit de la pire sécheresse que le pays ait connue depuis 70 ans. Le niveau est tellement bas que la mer Adriatique s’engouffre maintenant dans le delta de Venise. L’eau de mer salée s’est infiltrée jusqu'à 21 km à l’intérieur des terres. Cette situation est très inquiétante pour les producteurs agricoles de la région qui ne peuvent plus irriguer leurs cultures.
Des images prises par l’Agence spatiale européenne comparent la rivière Pô en 2020, 2021 et 2022. Le niveau du fleuve est devenu tellement bas que plusieurs kilomètres de son lit sont maintenant complètement exposés. Les autorités ont dépêché des camions-citernes dans plusieurs communes afin de les ravitailler en eau potable. Plusieurs d’entre elles sont sous le coup d’une interdiction d'arroser. Le remplissage des piscines est aussi proscrit. La région demande maintenant au gouvernement de déclarer l’état d’urgence et demande que l’eau soit destinée en priorité aux secteurs agricoles et de l’alimentation.
À Milan, les fontaines décoratives ont été fermées à cause de cette pénurie d’eau. La ville a aussi annoncé qu’elle suspendait l’arrosage des pelouses et des espaces verts situés sur son territoire. Grâce à ses barrages hydroélectriques, le nord du pays fournit 20 % de l’énergie du pays. À cause du faible niveau du fleuve, la production d’hydroélectricité a chuté de 40 % depuis le début de l’année. Une des centrales situées au sud de Milan a même stoppé ses activités, car il n’y a plus assez d’eau pour activer les turbines. Plusieurs autres centrales ne peuvent même plus fonctionner à plein régime pour la même raison.
Les fontaines de Milan sont à sec en raison du manque d’eau dans le Pô Courtoisie: Piero Cruciatti / Getty Images
Malheureusement, ce qui se passe en Italie n’est pas un cas isolé. Plusieurs communautés d’Asie et d’Amérique du Sud, dont le mode de vie est lié de près ou de loin aux glaciers, montrent aussi des signes que les changements climatiques commencent à avoir raison de ces gigantesques ressources en eau douce. Pour les résidents des communautés qui dépendent des glaciers, le recul de ceux-ci les force souvent à parcourir de plus grandes distances pour accéder à l’eau. Pour d’autres, la relocalisation est la seule solution.
Au début du mois de juillet, le glacier de la Marmolada a aussi été victime des changements climatiques, alors qu’un énorme pan de sa masse de glace a cédé et s’est écroulé, coûtant la vie à au moins 11 personnes. Selon les spécialistes, les températures records du mois auraient donné le coup de grâce à la paroi glacée. Si cette fonte se poursuit à ce rythme, on estime que le glacier aura disparu d’ici 30 ans.
Image d'en-tête : images satellites de la rivière Pô en 2022 (courtoisie: European Space Agency)