Connaître l’intensité des changements climatiques dans votre région

L’organisme américain, Climate Central (CC), a créé un outil appelé Climat Shift Index (CSI). Celui-ci vous permet de constater si la température que vous avez connue, lors d’une journée donnée, aurait été différente sans les changements climatiques.

Pour ce faire, CC a tenu compte du réchauffement planétaire actuel, qui se situe à 1,27 °C au-dessus des valeurs de l’ère pré industrielle. Ils ont ensuite retiré cette donnée des modèles de calcul climatique. Avec les résultats, ils ont conçu une échelle qui illustre l’influence des changements climatiques sur la température observée. Celle-ci varie de -5 à +5.

En utilisant leur site internet https://csi.climatecentral.org/csi-contour-map/tavg/2023-08-09/, vous pouvez voir les résultats pour votre région. Lorsque le CSI indique +5, cela veut dire que la température enregistrée avait 5 fois plus de chance de se produire à cause des changements climatiques. En revanche, si la valeur est de -3, cela veut dire que vous aviez 3 fois moins de chance d’atteindre cette température à cause des changements climatiques.

Prenons quelques exemples. Le premier juin dernier dans la ville de Saguenay, le mercure a atteint 34,2 °C, un record pour un 1er juin dans cette ville. En consultant le CSI, on constate que les changements climatiques ont multiplié par 2 le risque de voir une telle valeur dans cette ville pendant cette période de l’année. Le même jour, la ville de Sept-Îles a enregistré 18 °C, quand la moyenne se situe à un peu moins de 14 °C. Selon le CSI, on a maintenant 5 fois plus de chance d’atteindre une telle température, au début juin, à cause des changements climatiques.

À Montréal, le 7 juin dernier, il a seulement fait 16 °C, quand la moyenne pour cette journée est autour de 22 °C. Toujours selon le CSI, il y a 2 fois moins de risque qu'une telle température soit observée sur la métropole, à l’avenir, en juin, à cause des changements climatiques.

À Gaspé, le mercure a seulement atteint 17 °C le 10 août dernier. Une journée plutôt fraîche pour le mois d’août. Selon l’échelle du CSI, il est 3 fois moins probable qu’on enregistre une telle température, puisque la planète se réchauffe à cause des changements climatiques.

Pour faire toutes ces recherches, j’ai eu accès à la banque de données de MétéoMédia, ce qui n’est pas nécessairement votre cas. Vous pouvez quand même consulter le CSI. Si vous vous souvenez d’une journée particulièrement chaude ou très froide dans votre région, entrez dans le programme le nom d’une grande ville de votre région et la date de l’anomalie de température dont vous vous souvenez et regardez le résultat. Vous saurez s’il est très probable, ou pas du tout, que cela se reproduise encore à l’avenir dans le contexte des changements climatiques.

Climate Central a aussi analysé l’été 2023 qui a été caniculaire pour plusieurs régions sur la planète. La période évaluée s’étend de juin à août inclusivement, soit un total de 92 jours. Ses conclusions sont un indicateur loquace de l’état du climat mondial. Durant cette période 48% de la population mondiale a connu plus de 30 jours avec un indice CSI de niveau 3 ou plus. Au total, ce sont 79 pays qui ont eu 45 jours ou plus du même niveau CSI.

Donnée troublante, les pays qui sont les plus petits émetteurs de GES ont connu 3 à 4 fois plus de journées avec un CSI de niveau 3 que les grands émetteurs, membres du G20. Toujours selon leur rapport, les feux de forêt au Québec ont été 50 % plus intenses en raison des changements climatiques et avaient deux fois plus de chance de se produire que dans un climat normal.