L’avenir de l’été se joue 15 km au-dessus de nos têtes
Le réchauffement climatique affecte la circulation atmosphérique normale. Selon un groupe de chercheurs, cette modification a un impact direct sur le climat des étés dans l’hémisphère Nord. Ils ont observé que cette circulation s’est graduellement affaiblie depuis 1980. Le Canada et la région méditerranéenne connaîtront les plus grands risques de canicule et de sécheresse.
Les mécanismes atmosphériques réagissent quand il y a un déséquilibre qui se crée. Par exemple, lors de temps orageux, la séparation des ions positifs et négatifs crée un tel déséquilibre qui se rétablit avec l’apparition de la foudre. La différence de pression entre les anticyclones et les dépressions est responsable du vent. Pour rétablir l’équilibre, l’air va toujours s’écouler de la haute pression vers la basse pression. Plus la différence de pression est grande, plus l’écoulement sera rapide. C'est alors qu’on assiste à une journée très venteuse.
Il existe naturellement une différence entre les températures près de l’équateur et celles aux latitudes plus élevées. La pression en altitude dans l’air froid est moins élevée que celle en altitude dans l’air chaud. Cette différence va amorcer un mouvement de l’air en haute altitude qui va s’écouler de l’équateur vers la zone subtropicale. Ce phénomène s’appelle la cellule de Hadley. Afin de mieux l’illustrer, on peut dire que l'atmosphère est plus épaisse à l’équateur qu’aux tropiques. Cette pente créée en haute altitude amorce l’écoulement de l’air vers les pôles.
L'air chaud au niveau de la surface à l’équateur s’élève. Une fois en altitude, il se refroidit et redescend. Mais puisque la différence de pression le pousse vers le pôle, celui-ci ne redescend pas là où il s’est élevé, mais plutôt au 30e parallèle. Le même mouvement existe entre le 30e et le 60e parallèle. Celui-ci prend le nom de cellule de Ferrel. Il en existe un dernier entre le 60e parallèle et les pôles, lequel porte le nom de cellule polaire. La stabilité de ces mécanismes, comme celle de tous les autres, assure un climat constant dans les différentes régions de la Terre.
Les émissions provoquées par l’activité humaine sont responsables du réchauffement plus rapide au niveau des hautes latitudes. Ce faisant, il y a moins de différence de température entre l’équateur et les régions subtropicales. Puisque le déséquilibre est moins important, la circulation est moins rapide. C’est aussi ce qui se passe avec la cellule de Ferrel et la cellule polaire. Il est important d'ajouter que ces cellules, en altitude, influencent aussi l’écoulement d’air en surface.
Le sommet de la cellule de Hadley se situe à environ 15 km d’altitude. Précisément dans la zone où se trouve la circulation atmosphérique, qui régit le déplacement des systèmes et des masses d'air. Selon les scientifiques, les émissions d’origine anthropologique agissent sur l’intensité et la taille de la cellule de Hadley. Celle-ci est moins active et occupe plus d’espace dans la haute atmosphère qu’il y a 50 ans. Ce faisant, la circulation atmosphérique est ralentie. Ce ralentissement augmente le risque de canicule et de sécheresse extrême durant la saison chaude. On savait depuis quelques décennies que la hausse des températures au sol était due à l’activité humaine, mais c’est la première fois qu’on peut établir le lien entre nos activités et la modification de la circulation en haute altitude.
La modification de la circulation atmosphérique a un effet sur la trajectoire des systèmes météorologiques. Celle-ci a la capacité de bouleverser le climat régional. Cette modification affecte notre quotidien, mais aussi le climat à long terme en influençant le mécanisme qui transporte la chaleur et l’humidité de l’équateur vers les pôles. L’étude conclut que l’impact de ce changement affecte surtout le climat aux latitudes moyennes.
Une circulation plus faible implique un plus petit nombre de systèmes de pluie qui rejoint les terres en provenance de l’océan. Ceci augmente le risque de sécheresse. Ce ralentissement aura aussi pour effet de prolonger les vagues de chaleur en affaiblissant le mécanisme qui déplace normalement les masses d’air. Plus les émissions augmentent, plus la circulation atmosphérique ralentit. Entre 1980 et 2020, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 20 % au Canada et de 600 % en Chine. Aux États-Unis, elles ont augmenté de 20 % entre 1980 et 2000, mais depuis elles sont revenues au niveau de 1980.