Le nouveau climat menace le lien entre le Sahara et l’Amazonie
L’Amazonie ne peut survivre sans le Sahara, mais dans le contexte des changements climatiques, la circulation atmosphérique va rendre cette interaction beaucoup plus difficile.
Le Sahara nourrit l’Amazonie
Lorsqu’une tempête souffle sur le désert du Sahara, une quantité astronomique de poussière de sable est soulevée et propulsée dans la très haute atmosphère. À cette altitude, on retrouve des vents dominants, appelés alizés. Ceux-ci ceinturent la Terre entre les deux tropiques, et soufflent d’est en ouest. La poussière est ainsi transportée sur de très grandes distances et sert de noyau de condensation qui favorise la formation de précipitations de l’autre côté de l’Atlantique. De plus, les minéraux contenus dans cette poussière aident à fertiliser le sol de l’Amazonie. Plus il y aura de tempête de sable dans le Sahara, plus la forêt amazonienne sera luxuriante. Selon la NASA, le transport de toutes ces poussières est en péril à cause des changements climatiques.
Les effets sur l’Amérique du Nord
Il n’y a pas que l’Amazonie qui connaît les répercussions de ce mécanisme atmosphérique. En juin 2020, un panache de poussières en provenance du Sahara avait traversé l’Atlantique pour retomber sur l’Amérique du Nord. On avait alors enregistré une piètre qualité de l’air jusqu’au Kansas. Malgré certains mauvais côtés, le phénomène apporte beaucoup d’avantages et il n’y a pas que l’Amazonie qui en bénéficie. Ces retombées dans l’Atlantique redistribuent des minéraux qui favorisent les écosystèmes océaniques. Cette poussière, lorsqu’elle est en suspension, nuit aussi à la formation d’ouragan, car lors de ce type d’épisode, l’air devient trop sec. C’est sans compter les couchers de soleil devenus spectaculaires à cause d’elle, qui a aussi pour effet de bloquer un peu les rayons du soleil, ce qui diminue le réchauffement.
Les alizés en prennent pour leur rhume
Avec le réchauffement de l’Atlantique Nord, les alizés sont ralentis. La vitesse de ceux-ci est directement liée à la différence de températures entre les tropiques et les latitudes plus élevées. Plus l’Atlantique Nord se réchauffe, moins grande sera la différence avec les tropiques et donc moins fort souffleront les alizés. Ceci aura un impact direct sur la propagation des poussières du Sahara, qui sera fortement diminuée.
La dernière période glaciaire : le point bascule
À la fin de la dernière grande glaciation, il y a entre 12 000 et 17 000 ans, cette mécanique atmosphérique était à son apogée. Lorsque la glace qui recouvrait une partie de l’hémisphère Nord a fondu, le Sahara s’est retrouvé parsemé de petits lacs, la végétation y était riche et l'homme peuplait la région. Puisqu’une végétation abondante stabilise le sol où elle pousse, une période où le transport de poussière est devenu peu fréquent s’est installée. Graduellement, la désertification s’est opérée et le transport de poussière du Sahara a repris de plus belle, il y a plus de 3000 ans.
La raison de cette nouvelle bascule est mal documentée, mais l'analyse de deux carottes de sédiments, retirées des profondeurs du lac Yoa, situé dans le nord du Tchad, montre que c’est à cette époque que l’on commence à retrouver des grains de sable dans les sédiments, preuve du début de la désertification, qui prendra quelques milliers d’années.