Le réchauffement climatique favorise la pêche au homard du Québec
Sur la mer depuis le 27 avril, les pêcheurs de homard de la Gaspésie s’attendent à une autre excellente saison cette année. Après une récolte record de 4833 tonnes en 2023, le crustacé demeure abondant dans le golfe du Saint-Laurent qui devient de plus en plus invitant en raison du réchauffement des eaux.
Depuis 2011, la population de homards ne fait que croître dans les eaux québécoises, souligne Jean Côté, directeur scientifique du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie (RPPSG).
« On sait que le homard se porte bien, mais dans les trois dernières années, on a vu de grosses augmentations, explique-t-il. La plus grande était en 2023 où on a eu une augmentation de presque 30 % par rapport au record précédent. C’est énorme! »
Le climat gaspésien plus invitant pour le homard
Au fil des ans, le réchauffement climatique semble favoriser la survie des larves et des homards adultes au Québec.
« Le homard aime bien les 15 ou 16 degrés sur une moyenne annuelle, affirme M. Côté. Traditionnellement, la Gaspésie était dans le nord de son aire de distribution, mais avec les réchauffements climatiques, son aire est en train de monter. Par exemple, aux États-Unis, certains États n’ont plus de homards. Le Maine voit une baisse de ses captures. »
Remettre des homards à l’eau
Le Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie a mis en place de nombreuses mesures de protection du homard au cours des dernières années.
Notamment, l’aménagement d’écloseries permet aux œufs portés par les femelles d’éclore dans un environnement contrôlé qui assure une meilleure survie aux petits homards. Ceux-ci sont par la suite remis en mer.
« Notre objectif, quand on a commencé, était de 100 000 petits homards par saison et on y est arrivé. Aujourd’hui, avec les captures qu’on a, on vise 250 000 petits homards par année. »
L’objectif des pêcheurs est de compenser les homards qu’ils capturent en remettant 3 à 5 % de leur récolte en mer.
Des maillons faibles pour aider la baleine noire
L’industrie s’attarde aussi à minimiser l’impact environnemental de la pêche. Le cordage a entre autres été modifié pour préserver la baleine noire de l’Atlantique Nord, une espèce en péril.
« Dans le cordage vertical, on a testé des maillons faibles qui permettront à une baleine entremêlée dans le cordage de se libérer. La corde cassera à cause du maillon faible. »
À l’heure actuelle, 75 % des mouillages verticaux sont dotés de maillons faibles. D’ici 2025, la mesure deviendra obligatoire pour l’ensemble de l’équipement.
La météo idéale pour entamer la saison
Chaque année, à la troisième semaine du mois d’avril, les pêcheurs espèrent que la météo sera au rendez-vous pour lancer la saison.
« La journée d’ouverture est une journée dangereuse, souligne Jean Côté. Les bateaux sortent avec beaucoup de casiers à bord. Il faut qu’il fasse beau. Ça prend toujours des vents de moins de 20 km/h et aucune vague, sinon c’est trop dangereux. »
Lorsque la météo est peu clémente, le lancement de la saison est reporté de quelques jours.