Montréal, au cœur des discussions sur l'adaptation aux changements climatiques
Au début du mois d’octobre dernier, la ville de Montréal a été l’hôte d’une conférence internationale sur l’adaptation aux changements climatiques. Pendant cinq jours, le palais des congrès a été le théâtre d’échanges internationaux destinés à partager les connaissances et les solutions en matière d’adaptation afin de faire face à la nouvelle réalité climatique.
M. Bourque nous met cependant en garde contre certains effets néfastes du verdissement des villes. On verdit des quartiers et cela fait monter le coût des logements forçant les plus démunis à se relocaliser. On déplace ainsi la population qu’on a voulu aider. Il note également que d’avoir eu la communauté internationale de l’adaptation à Montréal était l’occasion de tirer des leçons de ce qui se fait ailleurs. Un des bénéfices, c’est d’apprendre des autres et de leurs erreurs pour ne pas les reproduire. Les solutions mises en place ne sont pas toujours les meilleures. Il cite en exemple l’enrochement qui est fait dans certaines régions côtières du Québec pour stopper l’érosion. Ceci a malheureusement l’effet contraire puisque cette pratique accélère l’érosion de chaque côté de l’enrochement. C’est ce qu’il appelle la maladaptation. Cette notion a aussi fait l’objet de discussions exhaustives à la conférence.
Il faut absolument atteindre la carboneutralité et apprendre à s’adapter au climat en cours. On doit le faire autant pour nos infrastructures que pour la santé et la sécurité des populations ainsi que pour nos activités économiques comme l’agriculture et la foresterie. Il faut aussi que l’humain réduise sa pression sur les systèmes naturels et la biodiversité afin qu’ils puissent aussi s’adapter parce que l’adaptation des animaux et des végétaux ne passe pas par des politiques publiques, rappelle le scientifique.
Il constate, cependant, que les décideurs publics réalisent de plus en plus qu’il y a des changements climatiques et, maintenant, ils veulent savoir ce qu’on doit faire pour lutter contre ceux-ci. Malheureusement, l’humain réagit continuellement en retard par rapport à la crise climatique. C’est comme si on avait toujours 15 ans de retard. Même si les politiques avancent, les changements climatiques aussi. Ça va prendre des actions de tous les paliers de gouvernement et des individus. Celles-ci devront aller au-delà de tout ce qui est fait graduellement. Il faudra faire des transformations majeures dans le fonctionnement de notre société comme réduire la consommation d’énergie et le réaménagement du territoire, note-t-il.
Il remarque que chaque fois qu’on a un super El Niño, comme c’est le cas cette année, le réchauffement de la planète monte d’un cran. Pendant la conférence d’Adaptation Futures, un rapport émis par Copernicus a conclu qu’on était très près de la marque de 1,5 °C de réchauffement planétaire. C’est le seuil à ne pas dépasser établi par l’Accord de Paris. Pour lui, c’est le signal d’alarme qu'il va falloir atteindre la carboneutralité très bientôt. C’est une mauvaise nouvelle, car on vient de s’approcher du palier de 1,5 °C. On va peut-être rester à ce seuil pendant quatre ou cinq ans. Par la suite, le prochain El Niño va nous propulser vers un nouveau palier à 1,7 °C ou 1,8 °C de réchauffement planétaire. C’est très inquiétant, ajoute-t-il.
La réputation d'Alain Bourque et d’Ouranos n’est plus à faire. D’ailleurs, l’organisme vient de se faire octroyer le contrat pour la mise en place d’un bureau du World Climate Research Program. Leur mandat sera de prendre les informations scientifiques et de trouver des moyens de les rendre utiles à l’échelle régionale, là où sont prises beaucoup de décisions. On a un grand besoin de faire le lien entre la science et les parties prenantes sur le terrain comme Hydro-Québec et les municipalités.
D’autre part, le ministre provincial de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, M. Benoit Charette a annoncé la formation d’un groupe d’experts sur le climat, dont fera partie Alain Bourque. Il lui a demandé de soumettre un rapport d’ici six mois avec des recommandations sur les nouvelles actions requises pour mieux s’adapter aux changements climatiques. Ces recommandations serviront à la mise à jour du plan vert du gouvernement Legault.