La nidification déjà perturbée par les changements climatiques

Les oiseaux font leur nid et pondent leurs œufs un mois plus tôt qu’il y a 100 ans, à cause de l'augmentation du CO2 dans l'atmosphère.


Faits saillants :

  • L'étude a comparé la date de ponte d'oeufs centenaires à celle d'aujourd'hui

  • L'augmentation du CO2 modifie les plantes et insectes dont les oiseaux se nourrissent, changeant leurs comportements

  • Les changements climatiques ne sont qu'un des facteurs ayant mené à la perte de plus de 25% de la faune aviaire en Amérique du Nord


Avec le retour du printemps, la nature se réveille, les abeilles reprennent le boulot, les bourgeons débourrent et la nidification aviaire repart de plus belle. Mais selon une étude publiée dans le "Journal of Animal Ecology", les oiseaux font leur nid et pondent leurs œufs un mois plus tôt qu’il y a 100 ans. Les chercheurs ont conclu que le changement climatique est le grand responsable de ce bouleversement.

Pour réaliser cette étude, les scientifiques ont utilisé des œufs qui ont été récoltés entre 1880 et 1920. Chacun d’entre eux avait été étiqueté avec la date du prélèvement, le lieu et l’espèce. En les comparant avec les observations des dernières années, ils en sont venus à la conclusion que la nidification se fait en moyenne un mois plus tôt qu’il y a un siècle.

Oeufs centenaires

Collection d'œufs centenaires - Crédit photo : Valérie Bourdeau

Le moment choisi par une espèce pour fabriquer son nid dépend de plusieurs variables, comme le bourgeonnement des plantes et le retour des insectes qui servent de nourriture à ces oiseaux. Selon un modèle d’analyse conçu par les chercheurs, le début de ces changements coïncide avec l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère.

Les oiseaux ne sont pas les seules espèces à voir leur mode de vie être bouleversé par les changements climatiques. Certaines espèces d’arbres comme le cerisier, le pêcher, le prunier et le pommier voient leur floraison survenir quelques semaines plus tôt qu’auparavant. Une récente étude effectuée en Grande-Bretagne a abouti à la conclusion que les plantes de cette région du monde fleurissent un mois plus tôt qu’avant 1986. Un changement incroyable en seulement quelques décennies. Aux États-Unis, on a observé que les ours sortent de leur hibernation plus tôt en saison.

Non seulement plusieurs espèces modifient leur mode de vie pour s’adapter aux changements climatiques, mais plusieurs autres ne survivent tout simplement pas. Selon une autre étude parue dans la revue Science, trois milliards d’oiseaux ont disparu, au Canada et aux États-Unis depuis 1970. Ceci représente 25 % de la faune aviaire en 50 ans.

Cependant, les changements climatiques ne sont pas les seuls responsables de cette perte de la biodiversité. Les scientifiques pointent aussi du doigt d’autres facteurs comme la déforestation et l’usage abusif d’insecticides. Ces pratiques ont accéléré le déclin de plusieurs espèces, comme le moineau, le merle, la paruline et le pinson.