Réécrire l’histoire grâce aux éponges
Une nouvelle étude remet en question certaines des bases sur lesquelles reposent les rapports du GIEC. Selon l’étude, l’ère préindustrielle se situerait autour de 1760 et non 1850 comme l’affirme le GIEC. Si c’est le cas, le réchauffement climatique aurait commencé près de 80 ans plus tôt que ce qui est estimé et la Terre se serait déjà réchauffée de 1,7 °C. Les auteurs de cette étude croient que, d’ici la fin de la décennie, la Terre aura atteint 2 °C de réchauffement climatique.
L’étude, qui a été publiée dans Nature Climate Change, se base sur le squelette d’éponges pour arriver à cette conclusion. Les squelettes d’éponges contiennent des dépôts de calcium et de strontium. En les étudiant, les scientifiques sont capables de déterminer les variations de la température de l’eau. Lorsque l’eau se réchauffe, la concentration de strontium augmente par rapport au calcium. L’inverse se produit lorsque l’eau se refroidit. Les éponges vivent plusieurs centaines d’années. Ce sont donc de précieuses archives climatiques.
Selon les auteurs de cette nouvelle étude, l’ère préindustrielle doit se situer avant que les concentrations de CO2 aient commencé à augmenter dans l’atmosphère et alors que le climat était encore stable. Le GIEC affirme que c'est au début des années 1900 que la concentration de CO2 a commencé à augmenter. L’organisme onusien situe donc l’ère préindustrielle entre 1850 et 1900. En analysant les éponges, les chercheurs sont plutôt arrivés à la conclusion que le climat avait déjà commencé à se réchauffer au milieu des années 1800. Ils ajoutent que les concentrations de CO2 dans l’atmosphère ont commencé à augmenter au début des années 1800. Pour faire cette affirmation, ils s'appuient sur le fait que la croissance des éponges est affectée par la concentration de CO2. L’ère préindustrielle doit donc se situer avant cette période. Pour toutes ces raisons, l’étude situe l’ère préindustrielle au milieu des années 1700.
Déterminer le moment où notre planète était dans l’ère préindustrielle est crucial pour calculer le réchauffement climatique actuel. On doit pouvoir comparer le moment où l'influence de l’homme ne pesait pas encore dans la balance avec les valeurs qu’on observe aujourd'hui afin d’évaluer l’importance du dérèglement climatique. Les chercheurs ont non seulement conclu que l’ère préindustrielle se trouvait au milieu du XVIIIe siècle, mais aussi que la température à cette époque était 1 °C plus froide qu’on ne le croyait.
Pour établir le début de la période préindustrielle, le GIEC fonde son choix sur les mesures de températures de l’eau prises à partir de 1850 par les bateaux qui sillonnaient les mers. Ces données ont ensuite été ajoutées à celles qui ont été compilées sur la terre ferme durant la même période afin d'obtenir une moyenne mondiale. Ce sont les mesures les plus anciennes, prises à l’aide d’instruments, que l’humanité possède et c’est pour cette raison que le GIEC considère la période 1850-1900 comme l’ère préindustrielle.
Les éponges qui ont servi à l’étude ont été récoltées à une profondeur variant entre 33 et 90 m. À cette profondeur, l’eau est influencée par les variations de températures de l’atmosphère. Pour certains scientifiques cette nouvelle étude ne tient pas la route, car les éponges étudiées proviennent toutes de la même région du globe. Ils croient qu’il aurait fallu des échantillons de plusieurs endroits afin d’établir un portrait plus complet du climat de l’époque. Une chose est sûre, que l’étude ait tort ou raison, il y a toujours urgence d’agir.