Un phénomène anormalement chaud réapparaît : voyez les éventuelles répercussions
Le « Blob » est le nom plutôt sympathique pour parler de cette large tache d’eau anormalement chaude dans le Pacifique Est. Mais méfiez-vous de lui, il a plus de conséquences que vous le pensez, surtout lorsqu'il est main dans la main avec El Niño. Formée pour la première fois de 2014 à 2016, cette canicule marine est de retour depuis le début d’année 2019. Voici ce qu'il faut savoir.
SOMMAIRE :
Formation du « Blob »;
Conséquence du « Blob » 2014-2016;
Les différences avec 2019;
Lien entre El Niño et le « Blob », qui l’emporte ?
C'est quoi, le « Blob » ?
Le Blob s’est formé en 2014 à cause d’un patron météo bien particulier : une zone de haute pression récurrente dans le Pacifique Nord. Les conditions liées avec cet anticyclone ont permis de réchauffer les eaux de surface grâce au temps calme et ensoleillé qui y est associé. De plus, les vents faibles ont permis à la chaleur de ne pas s’échapper pour un réchauffement optimal. Depuis le début d’année 2019, une situation semblable est observée. Cette étendue d’eau anormalement chaude s’étend de l’Alaska jusqu'au Mexique.
Cependant, le Blob peut vite se dissiper si le patron météo change et que de grosses tempêtes balayent cette zone. Il y aura alors un brassage de l’air, mais aussi des eaux permettant aux eaux plus froides de remonter.
Blob 2014–2016 : des impacts graves
Le Blob original de 2014 a perturbé l’atmosphère et la vie marine jusqu’en 2016. Ces eaux chaudes ont provoqué la prolifération d’algues toxiques qui a paralysé l’industrie du crabe californien. En un an seulement, la population des baleines à bosse a diminué de 30 %. Des centaines de phoques sont morts, ainsi que des saumons. Une vraie catastrophe pour la pêche. En 2015, les eaux près des côtes de l’État de Washington étaient près de 4 °C au-dessus des normales.
Le crétage atmosphérique en cause de ce réchauffement des eaux a aussi eu des conséquences sur le continent américain. En 2015, il a été blâmé pour avoir apporté un hiver neigeux et froid à l’est du continent américain, dont au Québec, et des conditions de sécheresse sur la côte ouest.
À Montréal les hivers 2013-14 et 2014-15 font partis des plus froids jamais enregistrés, les températures ont été jusqu’à 2 °C sous les normales.
Différence entre la canicule marine de 2014-2016 et celle de 2019
Les températures anormalement chaudes que l’on observe en ce moment sont semblables à celles du Blob original de 2014-2016. Les différences les plus importantes à ce jour sont la durée et la profondeur de l’anomalie de température. Le premier Blob a duré pendant années et les eaux anormalement chaudes se sont retrouvées à près de 300 mètres de profondeur. À l’inverse cette année, cette situation ne dure que depuis quelques mois et cette chaleur est confinée sur un peu plus de 50 mètres de profondeur.
El Niño vs Blob
Il est difficile de comparer les impacts du Blob précédent à celui-ci puisque d’autres facteurs sont entrés en jeu en 2015, dont le super El Niño. On rappelle qu’El Niño se traduit par un réchauffement périodique des eaux océaniques lié à un changement de sens des alizés dans l’océan Pacifique équatorial.La combinaison de ces deux phénomènes extrêmes avait laissé un hiver inoubliable au Québec. Alors que les hivers 2013-2014 et 2014-2015 se sont classés parmi les plus froids à cause des effets du Blob seul, l’hiver qui a suivi avec le super El Niño en 2015-2016 avait été le deuxième plus chaud jamais enregistré à Montréal. Les températures maximales ont été de 3,5 °C plus chauds que la normale et un mois de décembre record.
Présentement, nous sommes en phase neutrale et d’après les prévisions, il n’est pas prévu qu’un El Niño se développe.
D’après des scientifiques de la NOAA, lorsque les eaux chaudes liées au Blob atteignent la région du Pacifique équatorial, il y a davantage de risque de voir un El Niño se former l’année d’après. Donc, l’ancien Blob aurait pu contribuer à la formation du super El Niño de 2015-2016. Le Blob original n’a donc pas été causé par El Niño, mais a pu contribuer à un réchauffement prolongé du Blob.
Les chercheurs ont ajouté qu’il n’existe pas deux Blob pareils comme il n’existe pas deux ouragans similaires : ils ne se produisent pas à la même place, au même moment ni à la même magnitude.
De plus, au cours des 50 dernières années, les océans se sont réchauffés et cette situation devrait se poursuivre durant le prochain siècle. Cela aura pour conséquence la formation de canicules de plus en plus fréquentes. L’évolution de ces canicules marines sera donc à surveiller.
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