On peut boire un verre d’eau de mer grâce à une compagnie québécoise
L’appareil de dessalement inventé par Oneka Technologies peut purifier des milliers de litres d’eau salée par le seul mouvement des vagues.
Seulement 0,7 % de l’eau sur la planète est potable et disponible dans les lacs et réservoirs — les experts nous préviennent que nous en manquons déjà. Alors que les terres se transforment en déserts, les changements climatiques amplifient les crises sociales et politiques.
Les océans contiennent bien plus d’eau, mais avant de descendre nos gosiers asséchés, l’eau salée doit d’abord passer par un procédé de dessalement. Ces technologies retirent le sel de l’eau de mer pour qu’on puisse la boire ou l’utiliser pour irriguer les champs.
L'équipe d'Oneka Technologies à Sherbrooke (source : Oneka Technologies)
La compagnie sherbrookoise Oneka Technologies propose une solution simple et élégante pour transformer l’eau de mer. Des bouées ancrées dans la mer (de 200 à 3000 mètres du rivage) flottent tranquillement au gré des vagues, dont le mouvement propulse l’eau comme une pompe à travers des membranes d'osmose inverse, retirant le sel pour ensuite acheminer l’eau douce dans un tuyau vers la terre ferme.
Contrairement aux systèmes de dessalement traditionnels à moteur diésel, les bouées d’Oneka sont zéro énergie : les vagues sont le seul carburant requis. Elles sont aussi zéro émission et ne rejettent qu’un peu d’eau salée dans l’océan.
Les bouées sont disposées en grappes selon les besoins. Leur plus petit système Snowflake, conçu pour les situations de désastre, peut produire l’équivalent d’environ 2 000 bouteilles d’eau par jour. Iceberg, système plus imposant peut produire 50 000 litres et Glacier, près d’un million de litres, pour abreuver des communautés côtières, des îles ou des centres de villégiature.
Les trois systèmes de différentes tailles (source : Oneka Technologies)
On pourrait s’inquiéter de l’impact des bouées sur la concentration de sel dans les eaux où elles sont installées, mais Dragan Tutic, fondateur et PDG d’Oneka Technologies nous rassure :
« Il y a deux éléments clés qui font en sorte que la saumure est responsable. Le premier, c’est que c’est très diffus. Toute la saumure produite est répandue sur une grande surface et mélangée par les vagues et les courants marins. Le deuxième élément, c’est que la saumure qu’on rejette est à très basse concentration, juste 20 à 30 % plus salée que l’eau de la mer. »
Il note aussi que la mer se remplit rapidement d’eau douce à cause de la fonte des glaciers, qui déséquilibre beaucoup plus la salinité des environnements marins que les activités de dessalement.
En fait, les bouées semblent plaire aux poissons. Puisqu’elles sont disposées dans des endroits plats et sans relief, elles créent en quelque sorte des récifs artificiels qui servent de refuge aux espèces marines. « Quand on fait l’entretien, on voit souvent des pêcheurs autour de nos bouées. » note M. Tutic.
L’eau de mer est une source tentante pour se désaltérer dans un futur de plus en plus sec. Cependant, les procédés actuels pour dessaler l’eau coûtent encore cher et demandent, pour la plupart, énormément d’énergie souvent fossile. Plusieurs gouvernements cherchent à stimuler les découvertes dans ce domaine pour subvenir à nos besoins futurs. Oneka Technologies a d’ailleurs remporté une bourse de 1 million de dollars offerte par le département de l'Énergie des États-Unis, et quelques millions de plus en financement pour commercialiser leur invention. En plus de leur laboratoire en Floride et en Caroline du Nord, des bouées ont été déployées au Chili et bientôt au large de la côte est canadienne. La compagnie est aussi en pourparlers avec les gouvernements canadien et américain pour utiliser les bouées en cas d’urgence ou de désastre.
Avec la collaboration d'Isabella O'Malley de TWN Image d’en-tête : la bouée Snowflake (source : Oneka Technologies)