Les emplois verts en essor
Une grande partie de la transition sera axée sur le secteur de l’énergie, mais le rythme rapide du changement et de la croissance s’accompagne de certains défis. D'après un reportage de M. A. Jacquemain.
En 2020, le nombre de Canadiens occupant un travail rémunéré a généralement diminué. Or, même au milieu de la pandémie, le pays a connu un gain net de 35 000 emplois verts.
D’ici 2025, on devrait connaître une augmentation des emplois dans l’ensemble de la population active d’un peu plus de 5 %, tandis que le nombre d’emplois verts (et pas seulement dans le secteur de l’énergie) augmentera d’environ 17 %, selon les experts.
Un rapport de Clean Energy Canada affirme que la main-d’œuvre dans le secteur de l’énergie propre pourrait passer de 430 000 employés aujourd’hui à 639 200 d’ici 2030, soit une augmentation de près de 50 %, tandis que le secteur des combustibles fossiles perdra quelque 125 000 emplois (ou 9 %) au cours de la même période.
Une explosion d’emplois verts est également anticipée dans les domaines des transports, du logement, de l’adaptation climatique et de l’aquaculture. Les estimations montrent qu’au cours des prochaines années, il y aura une vague de quelque 170 000 offres d’emplois verts.
Les emplois verts connaissent une croissance plus rapide au Canada que l’emploi dans l’ensemble de la main-d’œuvre, évalue Geni Peters, directeur de la recherche à Eco Canada. Une grande partie de la croissance a été initiée par des changements dans les politiques gouvernementales et par le biais d’initiatives d’ONG et de citoyens privés.
Peters a ajouté : « Ces initiatives stimulent la demande d’emplois à tous les niveaux : des emplois techniques comme des ingénieurs, des scientifiques, des climatologues, des métiers comme les opérateurs d’équipement lourd, les électriciens, les gens dans le domaine des politiques, y compris les communications entre les communautés autochtones et d’autres secteurs. »
Une grande partie de la transition, que ce soit au sein de la main-d’œuvre ou de l’infrastructure, sera axée sur le secteur de l’énergie. Cela se concrétisera au fur et à mesure que le Canada mettra en place des politiques pour respecter ses engagements dans le cadre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.
« Nous sommes à un point critique où nous voyons les parties prenantes gouvernementales fournir d’intéressantes mesures incitatives aux entreprises en transition », partage Nicole Flanagan, responsable des solutions climatiques au sein de la société de design mondiale Stantec.
« Le plus grand changement est que nous devons aller au-delà de l’établissement d’objectifs qui feront en sorte que nous soyons vraiment outillés pour mettre en œuvre ces mesures », a ajouté Flanagan.
De l’autre côté de l’équation, il y aura les emplois perdus dans les secteurs qui sont « vulnérables à la transition », en particulier l’industrie des combustibles fossiles.
Un rapport de l’Institut climatique du Canada a déterminé qu’il y a des travailleurs dans des secteurs vulnérables à la transition dans chaque province et territoire, et que 9,1 % des travailleurs de l’Alberta sont vulnérables à la transition.
Il sera essentiel de veiller à ce qu’il y ait suffisamment de formation et d’éducation pour les travailleurs qui changent en milieu de carrière ou qui appliquent leurs compétences dans de nouveaux secteurs, et pour les nouveaux employés qui cherchent à commencer une carrière dans des « champs verts » en plein essor.
À cette fin, des programmes ont commencé à apparaître comme le diplôme de premier cycle en changement climatique et environnemental de l’Université de Waterloo, qui ouvre la voie à des carrières comme spécialiste des énergies renouvelables ou consultant en environnement.
Il existe également une foule de programmes de formation parrainés par le gouvernement et l’industrie pour la transition des travailleurs vers l’économie verte.
Avec la transition bien amorcée, l’augmentation du coût des émissions de carbone et les incitations accrues à « passer au vert », les entreprises pourraient trouver qu’elles n’ont pas d’autre choix que de se joindre à la vague. Comme l’a dit M. Flanagan : « Aujourd’hui, les entreprises font face à de plus grands risques si elles ne vont pas dans le sens de la transition. »
Image bannière : une personne qui travaille sur un panneau solaire (Markus Spiske/Pexels)