Vers une énergie «flottovoltaïque»
On présente l’énergie solaire comme une source d’énergie verte, mais l'installation de grandes quantités de panneaux solaires pose problème. D'où l'idée de construire des fermes solaires flottantes.
L'humanité est très énergivore. C’est d’ailleurs le plus gros problème de la lutte aux changements climatiques. Pour maintenir notre train de vie sans sacrifier la planète, il va falloir trouver rapidement une solution pour développer une énergie verte et abondante. Depuis longtemps, on présente l’énergie solaire comme une source d’énergie verte, mais c’est l'installation de grandes quantités de panneaux solaires qui pose problème.
L’idée de construire des fermes solaires flottantes ne date pas d’hier. Plusieurs, comme la Chine, la Corée et le Portugal, en ont déjà mis en service ou vont bientôt le faire. L’an dernier, Singapour a inauguré une nouvelle ferme de plus de 120 000 panneaux solaires installés sur le bassin de rétention de Tengeh. Celle-ci couvre une surface équivalente à 45 terrains de football et produit assez d’électricité pour alimenter les cinq usines d’épuration des eaux de la cité-État.
Il est encore pensable d’utiliser les toits des maisons et des immeubles pour y installer des panneaux solaires. Cependant, ceux-ci ont un meilleur rendement lorsqu’ils sont installés sur de très grandes surfaces. Le grand avantage des fermes solaires flottantes, c’est qu’on n’a pas à condamner de vastes terres qui pourraient être cultivables ou protégées.
Autre avantage non négligeable, les panneaux ont un meilleur rendement dans l’eau. Lorsque les panneaux sont en fonction, ils chauffent et doivent être refroidis. En chauffant, leur rendement diminue significativement. L’eau est très efficace pour les garder au frais et ainsi assurer un rendement maximal de 15 à 20 % supérieur aux panneaux qui sont installés sur la terre ferme.
Panneaux solaires flottants au Portugal (Energia Solar EDP)
De plus, la pose de ces installations ralentit le réchauffement du plan d’eau ainsi que son évaporation. Il est cependant essentiel pour les autorités de faire des études d’impact avant de construire des fermes flottantes afin de déterminer quelles seront les répercussions sur la faune et la flore du plan d’eau. C’est d'ailleurs pour cette raison que les plus vastes fermes solaires flottantes ont été construites sur des bassins de rétention de barrage hydroélectrique : l’écosystème y est moins fragile. L'installation se fait sur des pontons flottants. Ainsi, les panneaux ne bloquent pas complètement la lumière. Ils ne font qu’une ombre partielle pour ne pas priver de radiations solaires les organismes qui pourraient vivre dans ces eaux.
Au Portugal, c’est la plus importante compagnie pétrolière du pays qui a décroché le contrat pour construire la plus grande ferme solaire flottante d’Europe. Les 12 000 panneaux, l’équivalent de quatre terrains de football, seront installés sur le plus grand lac artificiel d’Europe, le réservoir d’Alqueva.
En Corée du Sud, on a choisi l'esthétique. Les panneaux installés sur le réservoir hydroélectrique de Hapcheon ont été disposés en forme de fleur. Ils ont fait le pari que l’endroit peut devenir un site touristique en plus de fournir 41 MWh d’énergie verte.
Les panneaux solaires en forme de fleur en Corée (communiqué d'Hanwha Qcells)
Plusieurs autres fermes solaires flottantes sont en chantier, notamment au Massachusetts et dans la mer du Nord. Dans le cas de cette dernière, la Belgique et les Pays-Bas ont déjà annoncé leur intérêt à mettre sur pied ce type d’installations. Non seulement les Pays-Bas veulent installer une ferme solaire flottante en mer du Nord, mais ils ont aussi l’intention de la coupler avec leur champ d’éoliennes qui s’y trouve déjà. Ainsi, ils bénéficieront des éoliennes comme point d'ancrage de la ferme flottante, en plus d’utiliser le système de raccordement des éoliennes pour diriger l’électricité produite par les panneaux solaires vers le réseau déjà existant.
Plusieurs images d’une ferme flottante délabrée circulent sur les réseaux sociaux. Elles ont été prises en mer du Nord. Ces images donnent beaucoup de carburant à ceux qui sont sceptiques quant à l’utilisation de cette technologie. Sur les images, les panneaux sont rongés par le sel et souillés par les algues et les déjections d’oiseaux. La vérité, c’est que les panneaux qu’elles montrent sont en fait des tests faits par l’entreprise qui les conçoit afin d’évaluer les embûches que pourrait rencontrer une ferme solaire flottante en mer.
Image d'en-tête : panneaux solaires flottants photovs/Getty Images