Mères au front : bercer d'un bras et brandir l'autre
« Nous sommes mères et grand-mères, par le sang et autrement, et nous nous levons pour protéger nos enfants. » Voilà le chant de guerre de ces femmes qui montent au front pour défendre l’environnement et l’avenir des prochaines générations.
Les plus beaux dessins de leurs enfants sont sur les pancartes qu’elles portent dans les manifs, et au lieu de marelles, elles dessinent à la craie des cœurs et slogans sur les trottoirs devant le bureau du premier ministre.
Les Mères au front sont un mouvement décentralisé de mères, grand-mères et alliées réunies sous une grande idée: protéger nos enfants et tout le vivant face aux bouleversements climatiques. Nous les avons rejointes le temps d’une grande marche pour nous entretenir avec une des instigatrices du mouvement.
Laure Waridel est bien connue des Québécois comme co-fondatrice et porte-parole d’Équiterre. Avec la cinéaste et auteure Anaïs Barbeau-Lavalette, elle a allumé l’étincelle des Mères au front en 2020. Au départ, elles étaient une quarantaine de femmes réunies dans son salon pour échanger leurs craintes, colère et tristesse face à la crise climatique. Cet élan d’émotions s’est avéré une force mobilisatrice.
« On croit que pour que les gouvernements changent, il faut que les citoyens de tous les horizons poussent pour le changement. C’est ce qu’il y a de beau au sein du mouvement Mères au front, on a des mères et des alliés qui viennent de tous les milieux socioéconomiques et culturels. Parce que s’il y a une chose sur laquelle on peut tous s’entendre qu’on doit protéger, c’est bien nos enfants. »
Leurs actions sont toujours bienveillantes et pacifiques, souvent artistiques, et leur activisme s’exprime à travers la voix des enfants qui les accompagnent souvent et qu’elles représentent auprès des dirigeants. Un exemple phare est la Chaise des générations, décorée par des enfants et placée pour les représenter symboliquement autour des tables où se prennent les décisions pour leur avenir.
La Chaise des générations présente à la COP15 à Montréal en 2022 (Mathieu B. Morin/Mères au front)
Elles mettent aussi de la pression plus directement, notamment par les sit-ins qu’elles font chaque semaine devant les bureaux du premier ministre François Legault. Elles ont d’ailleurs célébré le 2 avril dernier leur 52e dimanche, soit tout un an de manifestation. Et elles ne baissent toujours pas les bras.
C’est un moyen de continuer à mettre de la pression sur les élus, surtout le gouvernement, pour accélérer une transition sociale et écologique juste.
Pour la fête des Mères, ne leur offrez ni fleurs ni chocolat. Faites plutôt un geste en solidarité en allant les suivre sur les réseaux sociaux, ou même les rejoindre dans la vraie vie. Le 29 septembre prochain par exemple, en collaboration avec le Réseau intersyndical pour le climat, la Fondation David Suzuki et d'autres organismes du milieu, elles convoquent tout le Québec à une mobilisation « Ensemble pour nos enfants » à Montréal, Québec et d’autres villes à déterminer.
« Parce que pour protéger l’avenir de nos enfants, il est impératif de réduire notre empreinte écologique tout en se préparant à vivre des extrêmes climatiques. Il est donc impératif d’accélérer une transition juste et écologique. »