Un simple filet pour protéger nos cours d'eau
Dans la majorité des municipalités du Québec, le réseau d’évacuation d’eau de pluie ne possède pas de filtre avant que cette eau soit rejetée dans le cours d’eau le plus près. Résultat, les déchets emportés par les précipitations se retrouvent directement dans la nature et polluent les écosystèmes. Nature-Action Québec a mis sur pied un projet afin de s’attaquer à ce problème.
Nature-Action Québec est un organisme à but non lucratif qui a été fondé au milieu des années 80 par un petit groupe de résidents de la Rive-Sud, près de Montréal, préoccupés par les effets de l’épandage de pesticides dans la région. Depuis, ils ont été rejoints par bien des citoyens, en plus d’autres organismes et municipalités qui se sont alliés pour réaliser des projets concrets qui appliquent les meilleures pratiques environnementales pour protéger leurs milieux de vie.
Aujourd’hui, Nature-Action Québec réalise près de 350 projets chaque année sous 4 grandes thématiques : conservation, restauration, gestion des matières résiduelles et écocitoyenneté. C’est d’ailleurs sous ces deux dernières ombrelles qu’œuvre Justine Plessis, chargée de projets que nous avons rencontrée pour parler d’une initiative prometteuse : les filets zéro déchet.
Un filet installé dans le cadre du projet (source : Nature-Action Québec)
Le projet consiste tout simplement à installer un filet à la sortie du réseau d’évacuation d’eau de pluie afin de récupérer les déchets avant qu’ils ne se retrouvent dans l’environnement. Les filets sont installés au printemps et sont retirés juste avant les premiers gels à l’automne. Depuis deux ans, six de ces filets ont été installés dans trois municipalités de la Montérégie : Mont-Saint-Hilaire, Verchère et Beloeil.
Les six filets ont récupéré au total un peu plus de 350 kg de déchets en deux ans. Ce chiffre peut sembler bien bas, mais selon Justine Plessis, cela s’explique par la composition des détritus : « Dans ce qui est collecté, c’est beaucoup des plastiques souples… Prenez un sachet de plastique, pesez-le, ça ne pèse vraiment pas beaucoup. Si vous le multipliez pour arriver à 350 kg, vous allez voir que ça fait vraiment beaucoup en volume de plastique. »
En parallèle, il y a toute une opération de sensibilisation auprès de la population. L’organisme a produit des pochoirs qui permettent aux municipalités de peindre un message aux abords des bouches d'égout. Le message est direct : « Ne jetez rien, je débouche sur le fleuve ». Les pochoirs ont été déployés dans neuf municipalités (Beloeil, Boucherville, McMasterville, Mont-Saint-Hilaire, Otterburn Park, Candiac, Sainte-Julie, Varennes et Verchères). On a aussi organisé des activités dans les écoles et des corvées de nettoyage pour faire participer les jeunes.
Les déchets recueillis sont surtout des plastiques légers qui flottent des rues sales jusqu'à nos rivières (Source : Nature-Action Québec)
Le concept des filets existait déjà en Australie et ailleurs dans le monde. Nature-Action Québec veut faire connaître cette solution toute simple qui fonctionne bien dans l’espoir que le projet fasse des petits ici.
« Je pense que dans l’ensemble, les municipalités ont envie. Elles ont entendu qu’il y avait un enjeu, et il va falloir qu’elles règlent cette problématique… Il y aura toujours des municipalités qui ne vont pas avoir envie de le faire, mais probablement qu’il va y avoir aussi des réglementations qui vont faire qu’à un moment donné, elles sont obligées d’y passer. En tout cas, nous, dans le futur, c’est sûr qu’on a encore des filets. Si certaines municipalités sont intéressées, elles peuvent me contacter pour en discuter. »
Dans la société d’aujourd’hui, l’écoanxiété est malheureusement un fléau. Il a cependant été démontré qu’elle diminue chez les individus qui posent des gestes pour combattre le déclin de l’environnement, rappelle l’experte.
« Notre travail, c’est de dire “Mais non, viens, on va faire quelque chose ensemble pour faire en sorte que ton écoanxiété baisse. En plus, on va agir pour l’environnement dans le bon sens.” Je trouve qu’il y a un côté très positif dans le passage à l’action, parce qu’une fois qu’on fait un geste, on se sent actif et acteur de cette transition écologique. »
Image bannière : un des pochoirs informatifs peints pour la campagne de sensibilisation (Nature-Action Québec)