Le Québec précurseur dans la lutte contre les changements climatiques
Selon Hugo Séguin, le Québec est un îlot unique en Amérique du Nord en matière de lutte aux changements climatiques. On explore pourquoi dans la troisième et dernière partie de notre entrevue à la Maison du développement durable.
Hugo Séguin, auteur de Lettre aux écolos impatients et à ceux qui trouvent qu’ils exagèrent, enseigne à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke sur les enjeux reliés à l’énergie et à l’économie verte, mais il a aussi œuvré dans le domaine politique. Selon lui, le Québec constitue un îlot unique en Amérique du Nord en matière de lutte aux changements climatiques.
« C’est ici qu’on a vu, en premier au Canada, les sondages montrer une croissance dans la portion de la population préoccupée par les changements climatiques et qui ne remettait plus en question la réalité des changements climatiques. »
Il note que selon le Baromètre de l’action climatique, 84 % des Québécois.es considèrent qu’il est important d’agir contre les changements climatiques. Ce niveau de consensus n’est présent nulle part ailleurs en Amérique du Nord.
Parmi les idées radicales qu’il propose, un pas qu’on serait prêt à franchir au Québec : la nationalisation du secteur du pétrole et du gaz. Les entreprises qui exploitent présentement ces ressources se battent contre toute réglementation. Cependant, l’industrie doit cesser ses activités à court terme pour le bien commun, on gagnerait donc à ce qu’elle soit contrôlée par la collectivité.
« Il y a des travailleur.es et des communautés qui dépendent de ces activités. La meilleure façon de protéger ces gens-là, pour ne pas qu’ils perdent leur chemise dans la transition, c’est de garantir leur emploi, ce que la nationalisation permet. » ajoute-t-il.
Le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques Benoit Charette a mis sur pied cinq groupes de travail pour l’aider à bâtir son Plan d’électrification et de changements climatiques. Le Groupe de travail de la jeunesse était chargé de trouver des solutions auxquelles les autres n’auraient pas pensé. M. Séguin les a trouvées inspirantes : « Leur rapport est farci d’une nouvelle génération d’idées et d’innovations qu’il va nous falloir regarder le plus rapidement possible. »
Parmi les exemples, conférer des droits à la nature. On en accorde déjà aux entreprises, après tout, pourquoi pas aux forêts et rivières? C’est une chose qui se fait déjà à plusieurs endroits dans le monde, et récemment pour la première fois au Canada. En effet, la communauté innue d’Ekuanitshit et la MRC de la Minganie se sont entendus pour conférer à la rivière Magpie le statut de personnalité juridique, qui lui donne des droits dont celui de couler libre d’entraves et de pollution et de maintenir sa biodiversité et son rôle dans l’écosystème.
Cela requiert un changement de mentalité pour passer de propriétaires à gardiens des espaces naturels, en collaboration avec les communautés autochtones qui partagent cette vision depuis des temps immémoriaux. Un virement que le peuple québécois semble fin prêt à assumer.
Image d'en-tête : la rivière Magpie en Côte-Nord (The Canadian Press/HO-Boreal River)