Les solutions climatiques pour contrer la pauvreté et la souffrance humaine
Selon de récentes recherches, les stratégies employées pour atténuer les changements climatiques aideraient aussi à « améliorer le bien-être humain dans les zones rurales des pays à revenu faible et intermédiaire ».
Des répercussions plus importantes
Bien que notant la croissance économique et le recul de l’extrême pauvreté dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire, cette analyse met toutefois en lumière le travail qui reste encore à accomplir. Par exemple en Afrique subsaharienne, 40 % de la population vit encore avec moins de deux dollars par jour.
De plus, il est mondialement reconnu que les pires impacts des changements climatiques sont ressentis par les nations et les familles aux revenus les plus faibles.
« Les effets des changements climatiques sont disproportionnellement pires et plus préjudiciables aux personnes et aux communautés vivant dans la pauvreté », a déclaré le professeur Jiaying Zhao de l’Institut des ressources, de l’environnement et de la durabilité de l’UBC, à The Weather Network. « Nous verrons d’importantes souffrances humaines et des victimes du changement climatique dans les communautés à faible revenu », a ajouté M. Zhao.
Huttes traditionnelles dans le village de Bankouale, Djibouti, en Afrique. Courtoisie : Alexander Bee/iStock Editorial/Getty Images Plus
Une première solution : une agriculture plus réfléchie
Le rapport se concentre sur cinq domaines de solutions climatiques et mentionne comment ces stratégies peuvent également lutter contre la pauvreté dans des régions telles que l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud.
La première de ces solutions climatiques consiste à « améliorer l’agriculture et l’agroforesterie » grâce à des stratégies telles que la restauration des terres agricoles abandonnées, la pratique de l’agriculture de conservation, l’amélioration de la production de riz et de l’efficacité de l’irrigation, et la réduction du gaspillage alimentaire.
À l’échelle mondiale, l’agriculture est responsable d’environ 15 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), principalement à travers les émissions de méthane et d’oxyde nitreux provenant du bétail et des engrais. Selon le rapport, l’utilisation de ces stratégies pourrait réduire les émissions de plus de 275 gigatonnes de dioxyde de carbone.
L’analyse souligne que de tels changements dans l’agriculture entraîneraient également une augmentation du bien-être humain, en particulier pour les pays à faible revenu, notant que « l’amélioration de la production agricole est une voie essentielle pour éliminer la pauvreté et la faim ».
Le rapport poursuit en ajoutant que « les régions où la faim, la pauvreté et l’agriculture sont répandues sont également les plus vulnérables au changement climatique », mettant en lumière la double nature de ce travail.
Source énergétique, égalité et meilleure gestion des écosystèmes
« Nous avons l’occasion de parfaire des solutions climatiques qui amélioreront à leur tour le bien-être humain et contribueront au développement socio-économique indispensable », a déclaré Kristen P. Patterson, directrice de Drawdown Lift.
« Les populations en situation d’extrême pauvreté n’ont pas provoqué la crise climatique. Il incombe aux décideurs d’investir stratégiquement dans des solutions climatiques qui contribuent à l’équité et à la prospérité », a ajouté Mme Patterson.
Les autres solutions incluent la protection et la restauration des écosystèmes, l’adoption d’un mode de cuisson moins polluant, la production « propre » d’électricité et la promotion de l’égalité. Ensemble, les cinq solutions pourraient réduire les émissions d’environ 700 gigatonnes de dioxyde de carbone.
Un jeune homme sème sur les terres de sa famille dans le village de Wereb Michael, une zone rurale à 15 km de Bahir Dar, en Éthiopie. (Courtoisie: Eduardo Soteras/AFP/Getty Images)
Environnement et pauvreté : même combat
En pratique, bon nombre de ces objectifs pourraient être réalisables en un seul projet, comme le démontre le projet de conservation du parc national de Gorongosa, au Mozambique. Ce dernier vise à conserver l’écosystème régional et, simultanément, à « réduire les conflits dans la région et utiliser de manière durable les ressources du parc », transformant celui-ci en levier économique et moteur de développement humain dans les communautés voisines.
Toutes ces stratégies énoncées aborderaient la crise climatique sous trois angles critiques, soit en réduisant les sources d’émissions, en protégeant les puits de carbone tels que les forêts et les océans, et en améliorant de manière générale la société par la santé et l’éducation.
Ce dernier domaine d’intérêt démontre la conviction – prédominante dans le rapport – que la lutte contre les changements climatiques et la lutte contre la pauvreté sont en grande partie une seule et même problématique.
« Dans les pays en développement du monde entier, les efforts pour promouvoir l’action climatique seront sans aucun doute étroitement liés aux aspirations à la croissance économique », a déclaré Mohamed Imam Bakarr, membre du conseil consultatif de Drawdown Lift.
« Ce rapport met en lumière les options politiques et les approches pour exploiter cette occasion d’offrir des avantages pour le bien-être humain dans la course au net zéro », a ajouté M. Bakarr.
Dans la même lignée en 2020, un rapport de la Banque mondiale a également souligné le lien entre le changement climatique et la pauvreté, estimant que la crise climatique pourrait faire basculer 100 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté au cours des 10 prochaines années seulement. Partageant le même avis, M. Zhao a déclaré : « Nous verrons les pires effets du changement climatique dans les décennies à venir ».
Adapté d'un article de MA Jacquemain de TWN. Vignette: Spencer Platt Staff/Getty Images Europe/Getty Images News