Un ver mangeur de plastique pour lutter contre les déchets
Des chercheurs du Conseil supérieur de la recherche scientifique (CSIC) à Madrid ont récemment déclaré que des substances dans la salive des vers de cire décomposent facilement un type commun de plastique. Ces larves de mites mangent habituellement la cire fabriquée par les abeilles pour construire leurs ruches. Elles possèdent en effet deux enzymes qui dégradent rapidement et à température ambiante le polyéthylène, le plastique le plus utilisé dans le monde. Leur action pourrait donc constituer une contribution majeure pour lutter contre la pollution à grande échelle.
Un plastique difficile à décomposer
L'étude s'appuie sur des découvertes datant de 2017, selon lesquelles les vers de cire étaient capables de dégrader le polyéthylène. À l'époque on ne savait pas comment ces petits insectes s'y prenaient. La réponse est aujourd'hui connue : des enzymes, autrement dit des substances produites par des organismes vivants qui déclenchent des réactions biochimiques.
Pour que le plastique se dégrade, l'oxygène doit pénétrer dans le polymère – ou la molécule de plastique – lors d'une étape initiale importante appelée oxydation. Les chercheurs ont découvert que les enzymes effectuaient cette étape en quelques heures sans nécessiter de prétraitement, tel que l'application de chaleur ou de rayonnement.
Le plastique étant fait de polymères conçus pour être difficiles à décomposer et contenant des additifs qui augmentent sa durabilité, il peut demeurer intact pendant des années, des décennies, voire des siècles. C'est pour cela que les produits en plastique restent longtemps dans l'environnement avant de se décomposer en petites particules que l'on retrouve ensuite partout – dans les océans, la pluie et même l'eau du robinet. Cela constitue donc un problème croissant pour l'environnement et la santé humaine.
Les vers de cire à la rescousse
L'idée des chercheurs est de produire synthétiquement les enzymes salivaires des vers pour décomposer les déchets plastiques. En effet, la contribution de milliards de vers de cire pour effectuer cette tâche présenterait des inconvénients, notamment la génération de dioxyde de carbone lorsqu'ils métabolisent le polyéthylène.
« Dans notre cas, les enzymes oxydent les plastiques, les décomposant en petites molécules. Cela suggère des scénarios alternatifs pour traiter les déchets plastiques dans lesquels les plastiques peuvent être dégradés dans des conditions contrôlées, limitant ou éventuellement éliminant complètement la libération de microplastiques. » C'est ce qu'a déclaré un des co-auteurs de l'étude, Clemente Fernandez Arias, écologiste et mathématicien au Conseil supérieur de la recherche scientifique.
Pour terminer, rappelons que la consommation de plastique a explosé dans le monde au cours des trois dernières décennies. Des centaines de millions de tonnes finissent chaque année en déchets et moins de 10 % de celles-ci sont recyclées. Heureusement, les Nations Unies ont approuvé en mars dernier un accord historique pour créer le premier traité mondial sur la pollution plastique après des pourparlers à Nairobi. Le but de cette déarche était finaliser un cadre juridiquement contraignant d'ici 2024.
D'après l'article original de Will Dunham et Rosalba O'Briende pour The Weather Network.