Quand des virus aident à la capture du carbone
Plus de 1 200 virus présents dans l'océan possèdent la capacité d'augmenter la quantité de carbone capturé par les plantes aquatiques.
Un seul millilitre d'eau de mer peut contenir jusqu'à cinq milliards de différents agents infectieux. Ce fait peut sembler troublant, mais ces micro-organismes jouent un rôle de premier plan dans les écosystèmes. Ils sont effectivement nécessaires au maintien de l'équilibre entre les espèces et leur environnement.
Certains ont même une habileté plutôt impressionnante : augmenter la quantité de carbone atmosphérique capturée par les organismes marins.
Des chercheurs de l'université d'État de l'Ohio ont recueilli des échantillons d'eau provenant des abysses et ont découvert près de 1 200 virus avec cet atout. Ils ne posent pas de danger pour l'humain.
Près de 35 000 échantillons ont été récoltés un peu partout à travers le monde par le consortium Tara Oceans, un projet de recherche visant à évaluer les répercussions des changements climatiques sur les océans. Certaines de leurs données ont d'ailleurs été utilisées par l'équipe de l'université d'État de l'Ohio.
Les chercheurs de Tara Oceans mesurent la présence de plastique dans des échantillons d'eau (courtoisie : Maéva Bardy/ Tara Ocean Foundation)
C'est en infectant le plancton et d'autres espèces marines que les micro-organismes pourraient arriver à cette fin. Le plancton est un bon exemple : le carbone qu'il capture reste dans son corps. À sa mort, il coule avec le reste de l'enveloppe charnelle vers le fond de l'océan, qui l'absorbe de manière permanente. Comme près de 90 % de la biomasse marine est composée de plancton, cela représente une stratégie prometteuse pour réduire l'excès de carbone rejeté dans l'atmosphère.
Environ 45 milliards de tonnes de phytoplanctons naissent chaque année, ce qui explique en partie la raison pour laquelle ils peuvent emmagasiner une telle quantité de carbone.
Il serait même possible d'élaborer un système où les virus travaillent main dans la main avec la technologie et ainsi, de tirer profit à grande échelle de cette capacité particulière. Selon les chercheurs, cela pourrait contribuer à contrôler ou à limiter le carbone se trouvant dans l'atmosphère. Si une telle possibilité est mise en place et reconnue comme efficace, « nous gagnerions quelques centaines, voire un millier d'années, où nous serions épargnés des pires effets des changements climatiques », estime l'auteur principal de la recherche, Matthew Sullivan, dans un communiqué de presse.
« Au fur et à mesure que nous relâchons du carbone dans l'atmosphère, nous sommes de plus en plus dépendants à la capacité phénoménale des océans de limiter les changements climatiques. Nous sommes conscients qu'il est possible que nous devions donner un coup de pouce à l'océan », ajoute Matthew Sullivan.
Adapté d'un article de Isabella O'Malley de TWN. Image d'en-tête : phytoplancton sous un microscope (courtoisie : Choksawatdikorn/ Science Photo Library/ Getty Images)