Et si la pluie déplaçait les montagnes?

Il y a déjà longtemps que les scientifiques soupçonnent que la pluie a un effet sur l’évolution des paysages montagneux. Encore tout récemment, incapables d’en expliquer le mécanisme, ils ont cherché à développer une méthode de travail qui leur permet aujourd’hui d’avancer une explication.

Leur but était de démontrer comment la distribution des précipitations sur Terre influence la topographie du terrain et le taux de soulèvement des plaques tectoniques, afin de mieux comprendre comment les monts et les vallées ont évolué sur des millions d’années.

L’érosion se fait d’une façon uniforme et prévisible lorsqu'elle est le résultat du flot d’un cours d’eau. C’est celle causée par les précipitations qui ne se fait pas de façon uniforme. Imaginez une rivière au fond d’une vallée. L’érosion des rives sera constante, mais l’érosion des pentes de la vallée sera le résultat des précipitations. Si cette vallée est située dans un axe nord-sud, les vents dominants de l’ouest vont favoriser le soulèvement de l’air et la formation de nuages plus fréquemment sur le flanc est de cette vallée.

Puisqu’il pleuvra plus souvent de ce côté, l’érosion y sera plus prononcée. Ainsi dans cette vallée, le côté est va s'effriter à un rythme plus accéléré que le côté ouest. Mais c’est le contraire pour une chaîne de montagnes, toujours à cause des vents dominants sur Terre. Le flanc ouest reçoit plus de pluie que le flanc est. L’érosion de cette montagne ne se fera pas au même rythme des deux côtés.

Pour les besoins de leur étude, les chercheurs ont choisi de se concentrer sur la portion de l'Himalaya qui est située au Bhoutan, car les variations climatiques y sont grandes. En effet, les quantités de précipitations varient beaucoup dans le pays qui reçoit entre 0,72 mm et 5900 mm de pluie annuellement, selon l’endroit. De plus, le terrain y est très varié, car l’altitude la plus basse au Bhoutan est de 22 m et la plus élevée est de 3670 m. Les flancs de l'Himalaya au Bhoutan sont très abrupts, mais sans la mousson annuelle, qui favorise l’érosion, ils seraient encore plus abrupts.

Une fois que les chercheurs ont établi la vitesse de l’érosion moyenne de la chaîne de montagnes, ils peuvent comparer l’érosion à un point donné par rapport au niveau d’inclinaison des pentes et à la distribution des précipitations. Ils arrivent à la conclusion que les précipitations sont un facteur essentiel pour évaluer les mouvements tectoniques.

Plus l’érosion est forte, plus il y a de masse de terre déplacée, qui en retour applique une force différente d’auparavant sur les plaques tectoniques. Il y a un côté très pratique aux conclusions de cette étude. Elle pourrait aider à mieux prévoir l’impact possible des changements climatiques sur les paysages et sur les populations qui y ont trouvé demeure. Dans l’Himalaya, cela pourrait mettre en péril la construction d’une centrale hydroélectrique à certains endroits à cause du risque accru de glissements de terrain, de coulées de boue ou d’inondations.


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