Les solutions radicales aux changements climatiques
On dit souvent que les changements climatiques demandent des solutions radicales. Mais qu'est-ce que ça veut vraiment dire ? Hugo Séguin, environnementaliste, professeur et auteur, répond à cette question dans la première partie de notre entretien avec lui à la Maison du développement durable.
Hugo Séguin œuvre dans le milieu environnemental depuis plus de 20 ans. Il vient de publier un livre intitulé : Lettre aux écolos impatients et à ceux qui trouvent qu’ils exagèrent. Dans ce livre, l’auteur partage sa vision du monde et ses idées sur le plus grand combat de l’humanité : la lutte aux changements climatiques.
« J’ai écrit ce livre d’abords pour les gens comme moi, qui œuvrent depuis longtemps dans le milieu environnemental, » souligne t-il. « On a travaillé pendant 20 ans, on a fait des gains, des pas, mais on n’a pas réussi à contrer les changements climatiques. C’est pas vrai que ce qu’on a déployé fonctionne encore. »
Il y a donc une remise en question du mouvement environnementaliste. Le livre s'adresse aussi à ceux qui ont innové avec des idées révolutionnaires, mais qui les ont seulement appliquées à petite échelle, voire carrément dans l’ombre.
M. Séguin pense qu’il est temps que nous accueillions collectivement de nouvelles idées radicales pour faire avancer notre transition vers les énergies vertes et le développement durable. Il souligne qu’il emploie le terme radical pour désigner des solutions qui s'attaquent directement à la racine du problème, et non pas des idées drastiques ou extrémistes.
« Comme toutes idées radicales, on va les regarder, on va en rire, on va s’y opposer, et un moment donné, on va se dire “Ben, c’est pas bête, cette affaire-là !” et on va l’adopter. Ça va devenir la nouvelle normalité et ça va nous permettre d’aller plus loin. »
La radicalité peut évoquer une certaine vision du monde en noir et blanc. C’est un piège. Tout d’abord, il est faux de penser aux changements climatiques comme un phénomène binaire. « Avant 1.5 °C tout va bien, après 1.5 °C on est tous morts. C’est une mauvaise conception de la réalité des changements climatiques. » Il s’agit en fait d’un “continuum de souffrance”. Les impacts du dérèglement climatique se font déjà sentir, et selon M. Séguin, nous ne reviendront jamais à la normalité d’avant. D’une façon ou d’une autre, on devra s'adapter car on vivra dans un monde qu’on aura irrémédiablement changé.
Le piège de la pensée binaire nous guette aussi au niveau social. La lutte aux changements climatiques n’oppose pas deux camps d’êtres humains, environnementalistes versus négationnistes, mais bien l’humanité entière contre ses propres pires instincts. M. Séguin, qui s’inquiète de voir la fracture qui perdure chez nos voisins américains : « Le débat est impossible, la recherche de consensus est impossible. Une moitié de la population se réveille le matin pour haïr l’autre moitié de la population. »
L’antidote, c’est la conversation, le débat et l’ouverture, de part et autre, aux nouvelles idées. Le défi auquel nous devons faire face est de taille et c’est seulement en se serrant les coudes que nous pourrons réussir notre transition obligatoire vers des énergies plus vertes et une économie circulaire et durable.
Lettre aux écolos impatients et à ceux qui trouvent qu’ils exagèrent d’Hugo Séguin est disponible en librairie. Si cette mise en contexte vous a plu, soyez des nôtres bientôt pour la seconde partie de l’entrevue portant sur les nouveaux objectifs du mouvement environnementaliste et les problèmes racine auxquels on doit s’attaquer en premier.
Image d'en-tête : atrium de la Maison du développement durable sur leur compte Flickr