La circulation océanique s’accélère et modifie le climat mondial
Les océans couvrent 71 % de la surface du globe. Ils ont un grand impact sur le climat de la Terre. Comme c’est le cas lors d’un épisode El Niño, la modification de certains paramètres océaniques aura une influence, à plus ou moins grande échelle, sur l’atmosphère. Hu Shijian, un océanographe de l'Académie chinoise des sciences, vient de démontrer que les changements climatiques produisent un effet d’accélération sur les grands courants océaniques depuis 1990.
Les données océaniques, une denrée rare
Pour arriver à ces conclusions, l’océanographe a dû analyser et comparer plusieurs sources, car il n’existe pas de données cumulées depuis longtemps sur la vitesse des grands courants marins. Il s’est donc servi des données d’observations en temps réel, mais aussi des modèles océaniques qui démontrent de quelle façon l’océan modifie les premières couches à la base de l’atmosphère. Il a ensuite rajouté à son étude les “réanalyses”. Celles-ci, produites tous les cinq ans, combinent les observations océaniques et atmosphériques avec les modèles océaniques pour combler le manque de données globales.
Le scientifique a aussi consulté les données du programme Argo. Ce programme comprend 4000 sondes flottantes, déployées partout dans le monde, qui se déplacent au gré des courants océaniques. Les données de localisation recueillies par celles-ci indiquent clairement que là où les vents ont empilé de l’eau, il s’est créé, dans l’océan, une zone où la pression est plus élevée par rapport aux autres. Cette différence de pression influence grandement la vélocité des grands courants océaniques.
Accélérer les courants modifiera le climat mondial
La circulation océanique globale redistribue la chaleur accumulée près de l’équateur vers les pôles. Puisque les grands courants océaniques sont influencés par les vents dominants et que certaines études tendent déjà à démontrer que ces vents s’intensifient à cause des changements climatiques et de la fonte de l’Arctique, l’étude conclut que les courants se sont particulièrement intensifiés depuis les années 90 en réponse à l’augmentation des vents dominants.
Le scientifique cite en exemple les preuves qui ont démontré que la circulation du courant circumpolaire antarctique s’est accélérée en raison de la perte de l’ozone et des émissions de gaz à effet de serre dans l’hémisphère Sud. Il ajoute qu’il est fortement plausible que les grands courants océaniques s’accélèrent également à cause de l’impact de l’activité humaine.
L’accélération des grands courants océaniques pompera plus d’eau chaude vers les hautes latitudes (au nord du 45e parallèle). Puisque le CO2 est moins soluble dans l’eau chaude, la capacité des océans à séquestrer le CO2 contenu dans l’atmosphère sera diminuée. Autre impact non négligeable, l’accélération des courants va favoriser l’accumulation de la chaleur en profondeur dans les océans.
Selon les auteurs de l’étude, il s’agit d’une première étude et même si les résultats sont tout à fait plausibles, il faudra encore une décennie d’observations pour affirmer que les changements que connaissent les courants océaniques sont bel et bien dus au réchauffement planétaire.