La taxe carbone entre en vigueur dans quatre provinces
Justin Trudeau Photo: La Presse canadienne / Nathan Denette
À l’initiative d’Ottawa, la taxe fédérale est une réponse aux gouvernements de ces provinces qui n’ont pas mis en place un système de tarification des émissions de gaz à effet de serre (GES). Elle est évaluée à 20 $ par tonne de GES pour l’année 2019, un prix qui pourrait augmenter de 10 $ par année pour atteindre 50 $ la tonne en avril 2022.
Concrètement, les particuliers qui s’arrêteront dans une station-service doivent s’attendre à payer environ 4,40 ¢ de plus par litre d’essence dans ces quatre provinces.
Outre l’essence, la taxe carbone s’applique de la même façon au gaz naturel, au propane, au butane et au carburant pour avion.
En Saskatchewan, le premier ministre Scott Moe a d’ores et déjà annoncé qu’il participera au courant de la semaine à une manifestation à Regina contre l’entrée en vigueur d’une telle taxe.
Todd Lewis, le président de l’Association des producteurs agricoles de la province (APAS), s’attend déjà à une augmentation de sa facture. Si la taxe épargne le carburant utilisé pour les exploitations agricoles, elle s’applique tout de même aux véhicules permettant de transporter les récoltes ou l’équipement, plaide-t-il.
« Il n’y a aucune façon pour nous d’éponger ces coûts. Si vous êtes le propriétaire d’une épicerie, par exemple, vous pouvez faire payer davantage vos clients », explique M. Lewis, soulignant que ce n'est pas le cas des agriculteurs.
À l’instar de son homologue de la Saskatchewan, le premier ministre ontarien Doug Ford s’est aussi montré fortement opposé au projet. Il a promis qu’il s’attaquerait à cette taxe, qui est selon lui synonyme de pertes d’emplois et de récession.
Au Nouveau-Brunswick, le gouvernement de Blaine Higgs estime que cette taxe frappera durement les populations rurales qui n’ont pas le choix de se déplacer en véhicule, le transport en commun étant peu développé dans certaines régions.
Du côté du Manitoba, le gouvernement progressiste-conservateur de Brian Pallister avait voulu mettre en place son propre plan de tarification, mais à un taux plus bas que celui proposé par Ottawa. Après avoir essuyé un refus du fédéral, la province a joint sa voix à celles de l’Alberta, de la Saskatchewan et de l’Ontario pour s’opposer à la taxe carbone.
Selon Brian Pallister, cette taxe est source d’incertitude « pour tous ceux qui se préoccupent du commerce, ou bien pour ceux qui s’inquiètent de voir les taux d’intérêts des prêts hypothécaires augmenter ».
La taxe sur le carbone fera augmenter le prix de l'essence à la pompe d'environ 0,04 $ le litre. Photo : La Presse canadienne / Jonathan Hayward
Les résidents des quatre provinces bénéficieront toutefois de remboursements sur leur déclaration de revenus. Des paiements incitatifs de 128 $ et plus, selon les provinces, pourront augmenter en fonction des ménages, avait fait savoir le gouvernement Trudeau.
À ses yeux, la taxe carbone est une façon judicieuse de protéger l’environnement, en mettant un prix sur les activités jugées polluantes. Mais l’opposition ne l’entend pas de la même façon. À répétition, le chef du Parti conservateur du Canada, Andrew Scheer, a dénoncé la tarification du carbone.
Dimanche, lors d’un rassemblement à Brampton, en Ontario, M. Scheer a répété que la taxe n’était d’aucune façon « un plan environnemental ».
« Elle augmentera le coût sur tout, du chauffage à la facture d’épicerie, et cela, sans aider l’environnement », a-t-il écrit sur Twitter.
Au pays, la tarification du carbone s’applique déjà aux émetteurs industriels depuis le 1er janvier.
Avec les informations de La Presse canadienne