Les femmes : grandes guerrières de la lutte aux changements climatiques
L’apport des femmes en matière de lutte aux changements climatiques est indéniable. Elles sont, dans plusieurs cas, aux premières loges de cette lutte globale. En cette journée internationale du droit des femmes (8 mars), soulignons leurs contributions.
Lors de son passage à Montréal, Greta Thunberg incarnait, non seulement cette jeunesse qui veut se mobiliser pour la lutte aux changements climatiques, mais aussi ces femmes qui prennent le taureau par les cornes dans leur quotidien ainsi que dans leur communauté pour faire une différence. D’importantes responsabilités dans la lutte aux changements climatiques sont déjà confiées à des femmes. Depuis 2006, la fonction de secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques a été confiée à des femmes : Christina Figueres de 2006 à 2016 et Patricia Espinosa depuis 2016.
Patricia Espinosa et Christina Figueres avec votre humble serviteur (Bruxelles 2017)
Chaque année, l’ONU remet son Prix de l’action climatique mondial et chaque année, de nombreuses femmes en sont les lauréates. En 2019, le Prix de l’action populaire des jeunes femmes contre le changement climatique a été remis à un groupe de femmes qui ont mis sur pied une campagne faisant la promotion de l’éducation des femmes issues de communautés agricoles pauvres de l’Afrique subsaharienne. La même année, un autre Prix soulignant l’apport des femmes a été remis à un groupe de femmes américaines. Leur mouvement Mothers Out Front réunit plus de 24 000 mères qui œuvrent pour protéger leurs enfants et leur communauté des effets du changement climatique.
Il existe plusieurs autres exemples de la grande contribution des femmes dans la lutte aux changements climatiques. À Madagascar, les doyennes de villages reculés se sont portées volontaires pour installer et entretenir le réseau électrique issu du solaire dans leur village. Elles se sont expatriées en Inde, pour être formées en ce sens puis de retour chez elles, elles ont mis en place le réseau dans leur village respectif. Plusieurs d’entre elles n’avaient même jamais pris l’avion lorsqu'elles se sont envolées en Inde afin de recevoir cette formation.
Les enseignements ancestraux passés de mère en fille dans les pays en développement font aussi d’elles des championnes en matière d’adaptation et d’atténuation, deux volets essentiels de la lutte aux changements climatiques. Elles possèdent déjà de nombreuses connaissances en matière de collecte et d’entreposage de l’eau, de préservation de la nourriture et de gestion des ressources naturelles.
Cette pauvreté qui rend encore plus vulnérable
Dans une chronique publiée sur le site des Nations unies en 2013, l’auteure, la docteure Balgis Osman-Elasha, experte en changements climatiques, explique que, sur 1,3 milliard de personnes vivant dans des conditions de pauvreté à l’échelle de la planète, 70 % sont des femmes et 40 % des ménages les plus pauvres ont une femme comme chef de famille. Selon la docteure, 50 à 80 % de la production alimentaire mondiale impliquent de près ou de loin des femmes. Pourtant celles-ci ne possèdent que 10 % des terres.
L’impact des changements climatiques est bien plus marqué dans les pays en développement, car leurs infrastructures n’ont pas été pensées pour s’adapter à la modification climatique en cours. De plus, lors d'événements climatiques extrêmes comme les inondations ou les sécheresses, les femmes tendent à travailler plus pour subvenir aux besoins des leurs. Ce faisant, il leur reste beaucoup moins de temps pour se scolariser, ce qui aiderait ces familles à sortir de la pauvreté. Mais dans certaines sociétés, la culture empêche les femmes d’émigrer pour chercher refuge ou même de se chercher un emploi.
On sait que les changements climatiques auront un fort impact sur la redistribution des précipitations. Plusieurs familles pauvres comptent sur l’eau potable que ces femmes vont quotidiennement chercher. Les inondations qui contaminent les puits ou les sécheresses qui les tarissent forcent ces femmes à parcourir de plus grandes distances pour recueillir cette denrée essentielle à leur survie.
Un Québécois a mis sur pied un programme de recyclage de vieux vélos destinés aux femmes africaines. En assemblant deux vélos côte à côte, à l’aide de barre de fer, et en y installant un panneau solaire, il a réussi à produire des véhicules efficaces et peu coûteux. Son but avoué : permettre aux femmes africaines d’aller chercher de l’eau pour subvenir aux besoins de leur cellule familiale rapidement, ce qui leur laisserait plus de temps, dans leurs journées pour se consacrer à des études afin de se sortir de la pauvreté.
Nos guerrières québécoises
Chez nous, le nom de Louise Hénault-Éthier vient à l’esprit, cette femme, scientifique de formation, est chef de projets scientifiques à la Fondation David Suzuki, biologiste et docteure en science de l’environnement. Catherine Potvin est chercheuse en changements climatiques à l’Université McGill, où elle est également professeure de biologie. Elle a été primée pour ses contributions scientifiques dans le domaine environnemental grâce à ses recherches sur l’écologie tropicale et les changements climatiques. Il faut aussi souligner l’apport des femmes au sein de plusieurs organismes comme le Fonds d’action québécois pour le développement durable, dont le conseil d’administration est présidé par une femme, madame Jeanne Charbonneau. D'ailleurs, ce conseil d’administration est à 50 % féminin. Soulignons aussi que la direction générale de l’organisme Équiterre est entièrement féminine.