Lutte aux changements climatiques : un allié de taille… microscopique
Trop petit pour être visible à l’oeil nu, le phytoplancton est un organisme végétal qui vit en suspension dans l’eau. C’est un puits de carbone naturel, car cet organisme absorbe le carbone en surface pour se nourrir, grandir et se multiplier. Quand il meurt, il coule au fond des océans. Il est alors recouvert par la pluie constante de sédiments qu’on y retrouve. Grâce à ce mécanisme naturel, le carbone contenu dans le phytoplancton est séquestré indéfiniment dans les fonds marins.
On a longtemps cru que ce processus faisait relâche pendant l’hiver dans l’Arctique, car le couvert de glace empêchait l’apport de lumière nécessaire au processus de photosynthèse de l’organisme et le coupait de son accès au carbone. Une équipe internationale de chercheurs, dont certains de l’Université Laval à Québec, vient de démontrer que cet organisme se développe dès le mois de février dans les eaux arctiques, même si elles sont encore recouvertes de glace.
Profileurs Argo
Pour pouvoir documenter la concentration de phytoplancton dans l’Arctique, l’équipe de chercheurs a fait appel à une technologie européenne, les profileurs Argo. Cet engin passe l’hiver immergé sous les glaces de l’Arctique. Il est muni d’un tout nouveau système qui lui permet d’éviter les collisions avec les glaces. Cette fonction est essentielle, car Argo doit, au printemps, remonter à la surface pour pouvoir transmettre les données qu’il a recueillies au cours de l'hiver, sans entrer en collision avec les glaces qui se fragmentent, à cette période de l’année.
L’analyse des données par les chercheurs a démontré qu’il y a croissance du phytoplancton dès février, malgré la glace encore très présente. Évidemment, cette croissance est faible par rapport à celle qui survient en été, mais elle dépasse, quand même, la mortalité hivernale de l’organisme. Au final, la biomasse du phytoplancton augmente.
Cette découverte pourrait devenir la clé de notre compréhension du cycle de cet organisme et de sa survie en milieux hostiles. Cette croissance malgré la glace pourrait être le point de départ des fortes efflorescences de phytoplancton qui surviennent lors de la fonte printanière.
Produire un gaz qui refroidit le climat
Le plancton est aussi responsable de la production de diméthylsulfure (DMS), un gaz que l’organisme génère et qui est, par la suite, ventilé dans l’atmosphère. Celui-ci favorise la formation de nuages qui, à leur tour, réfléchissent l’énergie solaire vers l’espace. Ce processus est appelé “l'effet parasol”. La concentration de ce gaz dans notre atmosphère contribue, à ce jour, à refroidir la planète d’environ 4 °C.
L’augmentation de la superficie des déserts et l’intensification des vents prévues par les scientifiques, au cours des prochaines années, en lien avec les changements climatiques, vont favoriser la croissance de la population de plancton. Certaines études datant de plusieurs décennies ont déjà démontré que la poussière de fer, déplacée par les vents, se dépose à la surface des océans et favorise la croissance du phytoplancton. On s’attend donc à voir la population de ces organismes grossir et la quantité de carbone qu’ils absorbent emboîter le pas, ce qui ferait d’eux des alliés dans la réduction des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
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