Pour avoir de beaux légumes, plantez des fruits !
Le cultivateur moderne a accès à une foule d'outils de pointe pour l’épauler dans son travail : instruments pour analyser les sols, engrais toujours plus performants et même pour certains, l’image satellitaire. Mais pour plusieurs, l’agroforesterie, une technique millénaire, reste la meilleure solution.
Quand culture et forêt se côtoient
L’agroforesterie, selon certains, existe depuis la préhistoire. Elle a cependant reçu ses lettres de noblesse dans l’Antiquité grecque. La technique consiste à faire pousser des arbres entre les rangs de culture. Par exemple, on pourrait alterner 20 rangs de culture avec un rang d’arbres. Ou, si on préfère, on borde son champ de toute part par une rangée d’arbres. Les Grecs profitaient de l’espace entre les vignes et les oliviers pour y cultiver des céréales ou des légumineuses. Cette technique a parcouru les siècles, puisqu’on la retrouve à grande échelle au Moyen Âge. Pour ce faire, l’utilisation d’arbres fruitiers, comme les cerisiers, pommiers, poiriers, pruniers ou même noisetiers, était très répandue. Non seulement les agriculteurs bénéficiaient de la présence des arbres, mais ils pouvaient aussi en récolter les fruits, diversifiant ainsi leurs récoltes.
Nombreux avantages
Les arbres sont des barrières naturelles contre le vent et l’érosion superficielle qu’il engendre. L’agroforesterie permet ainsi d’éviter, à cause du vent, de semer de nouveau si celui-ci a chassé vos graines lors de la période des semences. Placés sur le bord des cours d’eau, les arbres préviennent également l’érosion des berges puisque les racines agissent comme un filet qui empêche celles-ci de s'effriter. Ces mêmes racines filtrent également l’eau de ruissellement des champs qui peut contenir certaines substances chimiques telles que de l’engrais, ce qui est néfaste pour nos cours d’eau. Il est aussi important de souligner que l’on peut planter différentes espèces d’arbres au sein d’une même culture. De cette façon, en cas de maladie qui affecterait une espèce, on ne perd pas tout.
Puisqu’en se côtoyant ainsi, les arbres et les cultures se retrouvent en compétition pour les ressources, les arbres vont augmenter la profondeur de leurs racines. Ceci favorise une remontée de l’eau souterraine qui est bénéfique à tous. De plus, les racines plus profondes permettent une meilleure infiltration de l’eau de pluie dans le sol. Elles sont également capables de capter les nitrates enfouis en profondeur, ce qui limite la pollution des eaux avoisinantes et les risques de contamination des nappes phréatiques. Rajoutons que ces conditions rendent la croissance des arbres optimale. Ils profitent un peu de l’engrais des cultures, ils sont mieux irrigués et n'étant pas trop agglomérés, comme dans une forêt, ils profitent de plus de lumière, et sont donc plus aptes à maximiser leur photosynthèse.
En combinant cultures et arbres, on augmente la capacité de l’écosystème à subvenir aux besoins de la faune locale. En encourageant ainsi le retour de certaines espèces, on favorise, de façon naturelle, le contrôle des insectes nuisibles. De nombreuses espèces de chauves-souris apprécient la présence des arbres. La chasse aux insectes devient pour elles plus facile qu’en plein champ. En plus d’embellir le paysage, l’agroforesterie augmente le rendement des cultures et améliore la qualité des eaux de surface et souterraines.