Transformer les matières organiques en énergie carboneutre
Récupérer les matières organiques et les transformer en énergie 100 % renouvelable et carboneutre : c’est ce que la biométhanisation permet de faire. Rendez-vous à Varennes, à l’usine de biométhanisation où des dizaines de milliers de tonnes de matières sont transformées annuellement.
Revalorisation de la matière
« La biométhanisation, c’est un processus de digestion et de dégradation de la matière organique pour la revaloriser », explique de prime abord Martin Goupil, directeur général de la SÉMECS. Les deux principaux extrants de la matière sont la terre (le digestat) ainsi que le gaz naturel (biogaz). La terre, une matière résiduelle fertilisante, est distribuée aux agriculteurs. « Le biogaz, quant à lui, est une forme d’énergie qu’on peut réutiliser en remplacement du gaz naturel de source fossile », ajoute-t-il.
Il est possible de comparer la biométhanisation au corps humain. « On vient digérer la matière pour la transformer et la réutiliser », explique le passionné de science. On évite ainsi que la matière se retrouve dans un site d’enfouissement ou encore un site de compostage. « Le compostage est une excellente façon de digérer la matière organique. La grosse différence, c’est qu’on ne récupère pas d’énergie », spécifie M. Goupil.
Les digesteurs sont complètement hermétiques pour qu’il n’y ait pas d’oxygène. La dégradation de la matière produit environ 60 % de méthane et 40 % de CO2.
Énergie verte
« La biométhanisation assure la circularité au niveau de la matière organique puisqu’on la retourne aux agriculteurs. L’ensemble du méthane qui est produit naturellement par les matières organiques est capté dans nos digesteurs, ce qui signifie que les gaz à effet de serre ne se retrouvent pas dans l’atmosphère », ajoute-t-il. La SÉMECS n’est pas carboneutre, mais bien carbonégative : l’an dernier, le Centre de biométhanisation a diminué d’environ 16 000 tonnes les gaz à effet de serre. « À terme, on vise une diminution d’environ 80 000 tonnes », ajoute le directeur général.
Le gazomètre (à droite de l’image) contient le biogaz. Il permet de réguler la pression envoyée dans le réseau d’Énergir.
Après 20 jours, les matières organiques sont transformées en terre. « Ce qu’on va voir comme petites fibres, ce sont soit des fibres de bois ou de papier qui ne sont pas encore complètement décomposées », explique-t-il. Celles-ci vont se décomposer dans le champ. « Au printemps, on va avoir fait complètement le cycle de la matière! », conclut-il.
La terre est prête à être distribuée aux agriculteurs.
LA BIOMÉTHANISATION EN QUELQUES FAITS :
Certaines matières organiques ont un haut potentiel méthanogène, comme les produits laitiers, le sucre et les céréales;
Le biogaz, puisqu’il est issu de la décomposition des matières organiques, est 100 % renouvelable et carboneutre;
Parmi les matières qui peuvent être traitées par biométhanisation, on retrouve entre autres les fumiers, les eaux usées, les boues de fosses septiques ainsi que le lisier.