De soldat à miss météo
À première vue, les Forces armées canadiennes et les médias n’ont rien en commun. Mais disons que, pour ma part, mon expérience militaire me sert bien aujourd’hui.
J’ai parcouru le Canada d’est en ouest. Quand, à l’écran, je parle d’une région, je la vois dans ma tête et j’ai des repères, car j’y suis allée. Cela m’aide beaucoup. Quand on fait référence à des événements qui ont marqué l’imaginaire, là aussi, je suis capable d’y associer des souvenirs.
Vous vous rappelez la fameuse crise du verglas de 1998 ? Moi, je me souviens du coup de fil. On me demandait de faire mon bagage et de me rendre immédiatement au manège militaire. Pendant plusieurs jours, on a patrouillé dans les rues, aidé la police et le ministère des Transports à déplacer des branches et des arbres pour libérer les routes. J’ai fait du porte-à-porte pour m’assurer que tout le monde allait bien, que personne ne manquait d’eau ou de nourriture et que personne ne chauffait sa maison avec un BBQ ! Ces images-là, celles de chemins glacés, de fils électriques qui pendent, de pylones pliés en deux et d’arbres pris dans des blocs de glace, me reviennent à la mémoire quand on évoque le fameux vendredi noir.
Au cours des cinq ans que j’ai passés comme caporal avec le Régiment de Hull, j’ai aussi eu la chance d’aller en mission dans le Grand Nord canadien. Je me suis rendue à Cambridge Bay au Nunavut. C’est assez particulier de se retrouver au milieu d’un désert blanc. Des étendues de glace et de neige à perte de vue, sans aucun point de repère à l’horizon. Les rangers du Nord, avec qui j’ai travaillé, nous ont aidés à nous repérer grâce à la direction des lames de neige et de la position du soleil. Quand on leur demandait où se trouvait notre campement, ils pointaient toujours dans la bonne direction !
Avec eux, j’ai apprivoisé le froid, chassé le boeuf musqué, pêché du saumon, cuisiné de la banique et construit un igloo.
C’est avec eux également que j’ai vécu mon premier blizzard. Je levais ma main et je ne pouvais même plus voir mes doigts. Une corde était reliée entre les bâtiments pour nous permettre de nous déplacer à l’extérieur. Sans la corde, on se perdait, c’est sûr.
C’est aussi à cette latitude que j’ai vu mes premières aurores boréales. Je ne pourrai jamais oublier ça. Le ciel dansait au-dessus de ma tête : un moment magique!
Finalement, quelques années plus tard, la vie m’a dirigée vers le monde des médias. Évidemment, je n’ai plus de tranchées à creuser, de chars d’assaut à conduire ou de chambres à gaz à subir, mais le bagage que j’ai acquis m’aide dans mon travail comme miss météo. Quand je me suis rendue en Floride pour couvrir l’ouragan Dorian en 2019, c’était comme partir en mission et je me sentais préparée à faire face à ça.
J’ai fait partie de l’unité blindée du Canada durant cinq ans. Notre travail était de faire un rapport de ce qui se passait sur le terrain et de transmettre l’information au quartier général.
À MétéoMédia, c’est un peu ce que je fais. On analyse les prévisions météo et on renseigne la population.
Comme quoi, chaque expérience de vie sert à quelque chose et nous mène quelque part !