Changement d’heure : Voyez comment vous préparer dès maintenant
C’est quand le changement d’heure? Chaque fois, on se pose la question. C’est le premier week-end de novembre et cette année ce sera dans la nuit du 4 au 5. On avance ou on recule? On recule. NovembRE / REcule. Voici un guide de survie pour passer au travers. Encore une fois!
Je ne peux pas dire que c’est le moment de l’année que je préfère. Me dérégler, changer mon rythme, déboussoler mon horloge biologique. Si je regarde les choses positivement, on gagne une heure de sommeil. Mais est-ce qu’on gagne VRAIMENT une heure de sommeil? J’ai posé la question au professeur émérite du département de psychiatrie de l’Université de Montréal et chercheur au CIUSSS du Nord-de-l’Ïle-de Montréal, M. Roger Godbout.
« On ne gagne pas vraiment une heure. Nos horloges et nos téléphones eux vont reculer d’une heure, mais notre cadran intérieur, celui qui est dans notre cerveau, ne se décale pas aussi facilement. Ça prend quelques jours. Les études démontrent que le gain de sommeil est à peu près 20 minutes. » - Roger Godbout, professeur émérite du département de psychiatrie de l’Université de Montréal et chercheur au CIUSSS du Nord-de-l’Ïle-de-Montréal
Plus on avance vers l’hiver, plus la lumière change. C’est une période qui peut être difficile pour certaines personnes. Par exemple, tout dépendamment où vous vous trouvez au Québec, le soleil se couche entre 17 h 45 et 16 h 50. Après le changement d’heure, il se couchera plutôt entre 16 h 45 et 15 h 50. Mais attention, la dégringolade ne s’arrête pas là. Jusqu’au solstice d’hiver, on perd en moyenne de 1 à 2 minutes de luminosité par jour. Ce qui veut donc dire que rendu le 21 décembre, le soleil se couchera entre 15 h 20 et 16 h 20. Est-ce que tout cela a des conséquences sur le plan physiologique et psychologique?
« On remarque que le changement d’heure, combiné aux journées qui raccourcissent, peut influencer le niveau de détresse ou de lassitude chez certaines personnes. Ces changements bouleversent nos hormones et bouleversent le moment où elles sont sécrétées, car le corps continue de fonctionner à l’ancienne heure. Les gens qui sont plus sensibles ou qui ont un horaire plus rigide seront plus affectés. Je pense aux tout-petits, qui font des siestes et qui mangent à des heures régulières. Même chose pour les personnes âgées en institution, qui ont un horaire rigide pour les repas, le coucher, la prise de médicaments. Le changement d'heure peut grandement déranger. »
Les perturbations liées au changement d’heure peuvent prendre, pour certaines personnes, un jour ou deux. Chez d’autres, l'adaptation peut prendre jusqu'à cinq jours. Il faut voir ça comme si on changeait de fuseau horaire d’une heure. Certains s'adaptent rapidement, d’autres plus lentement. Mais est-ce qu’il y a des côtés positifs à tout ce bouleversement?
« Le retour à l’heure normale c’est le retour d’une répartition équitable de la lumière. À l’automne, lorsque le soleil est à son zénith, donc à son plus haut dans le ciel, il y a autant de lumière qui aura été distribuée avant midi qu’après midi. C’est un avantage pour les gens du matin comme pour les gens du soir. »
VIGILANCE
Puisque notre horloge interne est chamboulée, est-ce qu’il y a des choses auxquelles nous devons faire attention?
« Il faut faire attention à la somnolence. Si on dort moins bien et qu’il nous manque quelques heures en banque, on sera plus sujet à l’endormissement. Les gens qui travaillent tard le soir, quand le cadran va indiquer minuit, pour notre corps, il sera encore une heure du matin. Il faut faire attention à la fatigue qui peut rapidement s’accumuler. »
GUIDE DE SURVIE
Pour passer au travers sans heurt, quels seraient vos conseils ou votre guide de survie pour nous aider à nous adapter?
« L’idéal est de se préparer cinq jours à l'avance. Je vais prendre l’exemple des repas. Si on a l’habitude de souper à 18h, il faudrait manger à 18 h 10. Le lendemain, à 18 h 20, le surlendemain à 18 h 30, ensuite 18 h 40 et 18 h 50. Quand on sera rendu à 19 h, l’horloge l’horloge aura changé la nuit suivante et on soupera au nouveau 18h00 sans heurt. On se sera donc amené progressivement vers le nouvel horaire. On peut faire la même chose avec la sieste des enfants. C’est plus facile de s’adapter à petite dose que d’y aller, d’une heure, d’un coup. »
Une dernière question pour la route. Est-ce plus facile de s’adapter à l’heure avancée (heure d’été) ou à l’heure normale (heure d’hiver)?
« C’est difficile dans les deux cas parce qu’on bouscule notre horloge biologique. On doit se donner un laps de temps pour s’adapter. Notre horloge biologique est en charge d’un très grand nombre de fonctions – sécrétions d’hormones, gestion de l’attention, gestion du sommeil, gestion de l’appétit : des fonctions assez de base que le changement d’heure dérange.
Je pense que de devoir se coucher plus tôt est plus difficile que de se coucher plus tard. Parce que notre horloge biologique n’est pas comme l’horloge solaire qui est de 24 heures tapantes. Notre horloge biologique est de 24 heures 10 minutes à peu près et elle a donc une tendance naturelle à retarder l'endormissement. On peut donc plus facilement reporter l’heure du coucher que de la devancer. Mais ça ne nous empêche pas d’accumuler quand même de la fatigue, de souffrir de déficit d’attention et de concentration. Mais dans les deux cas, ça reste difficile. Notre fenêtre de dodo est décalée. Ce que l’on perd le soir, on le gagne le matin et vice versa. Qu’on soit un type du matin ou un type du soir, on sera affecté, soit au coucher, soit au lever. »
POURQUOI
Si vous vous demandez pourquoi on change l’heure deux fois par année, c’est à cause, notamment, de Benjamin Franklin. Pour économiser de l’énergie, l’idée a été proposée pour la première fois en 1784. C’est uniquement à la fin du 19e siècle que cette idée est devenue officielle.
TRUC
Pour se souvenir si on avance ou on recule l’heure, j’aime bien l’expression anglaise qui dit : « Spring spring forward », on avance au printemps et « Fall fall backward » on recule à l’automne.
On pourrait aussi traduire par, au printemps, je saute vers l’avant, je saute vers l’été. L’automne je fais un bond par en arrière, je m'éloigne de l’hiver.
Bon changement d’heure!