Comment la fumée des feux de forêt affecte-t-elle notre santé?
Les feux de forêt qui sévissent au Québec depuis quelques semaines affectent la qualité de l’air que nous respirons. Mais que contient cette fumée et comment affecte-t-elle notre organisme?
Que contient cette fumée?
La fumée qui se dégage des incendies est composée de monoxyde et de dioxyde de carbone, d’hydrocarbures et d’oxydes d'azote. La composition exacte de la fumée d'un incendie de forêt dépend de quelques éléments clés : ce qui brûle - herbe, broussailles ou arbres; la température - flamme ou simple combustion lente et la distance entre la personne qui respire la fumée et le feu qui la produit. La distance influe sur la capacité de la fumée à « vieillir », c'est-à-dire à subir l'action du soleil et d'autres produits chimiques présents dans l'air au cours de son voyage. Le vieillissement peut la rendre plus toxique. Il est important de noter que les grosses particules, comme les cendres, ne s'éloignent généralement pas beaucoup du feu, mais que les petites particules, ou aérosols, peuvent traverser les continents.
Ces petites particules nocives sont 50 fois plus petites qu’un grain de sable et viennent se loger dans nos poumons. Leur prévalence est l'une des raisons pour lesquelles les autorités sanitaires émettent des alertes à la qualité de l'air en utilisant les PM 2,5 (matière de particules fines) comme mesure.
La Ville de New York affectée par les feux de forêt au Québec. Photo : Reuters.
Une étude réalisée par l’organisme California Air Resources Board, chargé de protéger le public des effets nocifs de la pollution de l’air sur la santé, a démontré que la fumée de l'incendie Camp Fire, survenu en 2018 à Paradise, en Californie, a révélé des niveaux dangereux de plomb et d’autres métaux dans la fumée soufflée par le vent. Les métaux, qui ont été associés à des effets néfastes sur la santé, notamment l'hypertension artérielle et des effets sur le développement des enfants exposés à long terme, ont parcouru plus de 240 kilomètres dans le vent, avec des concentrations 50 fois supérieures à la moyenne dans certaines zones. Les résultats suggèrent que la fumée des incendies qui atteignent les communautés pourrait avoir été encore plus dangereuse qu'on ne le pensait à l'origine, en raison des matériaux de construction qui brûlent.
Quelles conséquences pour notre santé?
Une exposition de courte durée peut irriter les yeux et la gorge, alors qu’une exposition prolongée de plusieurs jours ou semaines peut augmenter le risque de lésions pulmonaires et de problèmes cardiovasculaires.
Le corps humain est équipé de mécanismes de défense naturels contre les particules plus grandes que les PM2,5. On peut s’en rendre compte si l’on crache des mucosités ou si l’on se mouche après avoir été autour d'un feu de camp. Le mucus noir ou brun trouvé dans le tissu est le constat de l’existence de ces mécanismes.
Cependant, les très petites particules contournent ces défenses et perturbent les alvéoles pulmonaires, où l'oxygène passe dans le sang. Heureusement, nous disposons de cellules immunitaires spécialisées, les macrophages. Leur rôle est de rechercher les matières étrangères et de les éliminer ou de les détruire. Toutefois, des études ont montré que l'exposition répétée à des niveaux élevés de fumée de bois peut supprimer les macrophages, entraînant une augmentation de l'inflammation pulmonaire.
L'indice de la qualité de l'air était très mauvais à Ottawa cette semaine. Photo : Matéo Garcia-Tremblay/Radio-Canada
Quelques conseils pour aider à atténuer les effets en cas d’exposition
Dans la mesure du possible, il est évidemment recommandé d’éviter d'être à l'extérieur ou de pratiquer une activité intense, comme la course à pied ou le vélo. S’équiper de purificateurs d’air et de climatiseurs chez soi est aussi une solution pour mitiger les effets.
À noter que seuls les masques N95 bien ajustés au visage sont vraiment efficaces pour empêcher les particules de fumée de pénétrer dans notre système respiratoire. Les masques en tissu ou médicaux, pour la plupart, laissent toujours passer les petites particules de fumée de bois.
L'Agence pour la protection de l'environnement aux États-Unis (EPA) conseille également d'éviter tout ce qui peut contribuer aux polluants de l'air intérieur, comme passer l'aspirateur, qui peut remuer les polluants, brûler des bougies, allumer des poêles à gaz et fumer.
Source : The Weather Network