Exposition à la fumée des feux de forêt : quels sont les effets sur la santé?
2023 aura été une saison des feux historique. Sachant que les particules fines peuvent voyager sur plus de 1000 kilomètres et possiblement affecter notre santé, est-ce qu’il faut craindre la fumée des incendies? Le Dr Stéphane Perron, de l'Institut national de santé publique du Québec, répond à nos questions.
Selon le ministère des Ressources naturelles, le Canada compte environ 9 % des forêts mondiales. Au cours des 25 dernières années, près de 7 300 incendies de forêt surviennent annuellement et brûlent en moyenne 2,5 millions d’hectares, et ce, à la grandeur du pays.
Au Québec plus spécifiquement, d’après le bilan de la SOPFEU, 566 incendies ont brûlé plus de 1 073 433,6 d’hectares (10 000 km2) l’an dernier. Pendant plusieurs mois, malheureusement, les nombreux brasiers ont fait la une de l'actualité. Les événements ont pris des proportions si grandes qu’aujourd’hui, on craint la prochaine saison.
La première question à se poser c’est : que contient la fumée des feux?
« Celle-ci est composée d’un mélange complexe de plusieurs gaz : monoxyde de carbone, ozone, dioxyde de soufre et dioxyde d’azote. » - Dr Stéphane Perron, INSPQ
Pourquoi dit-on que la fumée des feux est un ennemi invisible?
« Parce que justement on ne la voit pas! Les particules fines (PM2,5) sont invisibles à l'œil nu, sont 50 fois plus petites qu’un grain de sable et viennent facilement se loger dans nos poumons. C’est pour cette raison que les autorités de santé publique émettent des alertes à la qualité de l’air lorsqu’il y a un risque pour la santé. »
Quand elle est inhalée, que se passe-t-il physiquement?
« En fait, la fumée, c’est un irritant. Quand il y a beaucoup, beaucoup de fumée, ça va irriter les yeux. Les yeux vont piquer, le nez va piquer. Ça va entrer dans les poumons et irriter les poumons. Et les gens vont se mettre à tousser quand les concentrations sont très, très élevées. »
Est-ce que les effets sont les mêmes que l’on soit exposé de façon directe ou indirecte à la fumée des feux?
« Oui, les effets sont les mêmes. Les particules fines peuvent voyager longtemps et ne se modifieront pas. La pollution a un impact à long terme quand on est exposé jour après jour. Un épisode ou quelques épisodes durant l’été, ce n’est pas ça qui va nous inquiéter à long terme. Souvent, on observe des augmentations de niveau de particules qui sont juste assez hautes pour que ça ait un impact sur notre santé et juste assez basses pour ne pas s’en rendre compte. Ça, c’est préoccupant. »
Qui peut être affecté?
« Les gens vulnérables seront les personnes atteintes d’une maladie chronique, comme les maladies cardiaques ou pulmonaires, les personnes âgées, les enfants, les femmes enceintes. Ce sont elles qui seront les plus sensibles aux méfaits de la fumée.
Mais, il ne faut pas oublier ceux et celles qui travaillent à l’extérieur ou qui pratiquent une activité en plein air, elles risquent aussi d’en ressentir les impacts. »
Pourquoi recommande-t-on de limiter nos activités extérieures?
« Quand il y a un peu de fumée, c’est une chose, mais quand il y en a énormément, à la suite des feux de forêt, c’est justement parce qu’on risque d’en inhaler beaucoup. En s’exposant, en permettant aux particules fines de se déposer profondément dans nos muqueuses, on risque d’en ressentir les effets.
Si la qualité de l’air se détériore, vaut mieux rester à la maison avec nos animaux de compagnie en s’assurant de bien fermer les fenêtres. Si on est plutôt en voiture, gardez les vitres fermées et mettez la ventilation en mode recyclage d’air. »
C'est quoi l’indice de la qualité de l’air (IQA)?
Pour déterminer l’indice de la qualité de l'air, il faut calculer le niveau de concentration de trois polluants atmosphériques soit, les particules fines (PM2,5), l’ozone et le dioxyde d’azote.
Sur le site de MétéoMédia , un code de couleur vous permet d’y voir plus clair.
Vert, indique que la qualité de l’air est bonne, jaune, acceptable et rouge, mauvaise.
Sur le site d'Environnement Canada vous pourrez connaître la « côte air santé » de votre région.