Mythes au sujet des allergies
Vrai ou faux ? On a décortiqué les allergies pour vous.
« De 25 % à 30 % des Canadiens souffrent d’allergies saisonnières », indique l’allergologue Susan Waserman, professeure à la division Immunologie et allergie de l’Université McMaster, à Hamilton, alors que la brise printanière ramène son lot de misères. En plus du pollen, une bonne quantité de fausses informations sur les allergies flottent également dans l’air.
Faisons donc le tour de quelques mythes et réalités pour y voir plus clair.
La Dre Waserman et le Dr David Fischer, ancien président de la Société canadienne d’allergie et d’immunologie clinique, rétablissent les faits.
MYTHE : Le rhume des foins n’existe pas. Il n’y a ni foin ni rhume!
Eh bien, oui ! Ça existe. Il suffit de demander à quelqu’un qui souffre d’allergies saisonnières. Selon la Dre Waserman, la rhinite allergique est ce qu’on appelle communément le rhume des foins. « Le nom vient du fait que les symptômes apparaissaient pendant la récolte du foin, lorsque le pollen en cause est dans l’air. Mais la rhinite allergique n’a rien à voir avec le foin et elle se manifeste par l’enflure et l’inflammation du nez. »
MYTHE : Les allergies aux moisissures ne se déclenchent qu’à l’extérieur.
C’est faux! Les moisissures sont aussi présentes à l’intérieur, dans les endroits humides, comme les sous-sols, les salles de bain et les armoires sous les éviers. À l’extérieur, elles se trouvent dans les feuilles mortes ou dans le gazon non coupé, explique la Dre Waserman. « On oublie souvent que les moisissures extérieures sont une cause d’allergie et qu’elles peuvent jouer un rôle important dans le déclenchement des crises d’asthme. Cependant, une grande exposition aux moisissures intérieures peut aussi être néfaste », renchérit le Dr Fischer.
MYTHE : Les allergies saisonnières disparaissent avec le temps.
Selon le Dr Fischer, c’est imprévisible. « Elles finissent par disparaître chez certaines personnes, tandis qu’elles persistent chez d’autres. Il n’y a aucun moyen de le prévoir. » Mais ne perdez pas espoir. La Dre Waserman ajoute que les allergies saisonnières se développent généralement pendant l’enfance et peuvent changer au fil du temps. Elle a même déjà vu des patients arrêter de souffrir d’allergies.
RÉALITÉ : La densité pollinique permet de prédire les pires journées d’allergie.
Vrai. En général, le niveau de pollen influe sur la sévérité des symptômes. Il peut donc être utile de surveiller la densité pollinique et de limiter son exposition les jours où la densité est élevée, conseille la Dre Waserman. « Cette surveillance peut aussi vous aider à ajuster votre médication pour mieux contrôler les symptômes. » Les densités sont publiées pour des sources précises, comme les arbres, les plantes herbacées, les mauvaises herbes et les spores de moisissures.
MYTHE : Les allergies et l’asthme peuvent se guérir.
Faux. Malheureusement, il n’y a pas de remède pour les allergies et l’asthme, indique la Dre Waserman. « Il y a toutefois des traitements très efficaces qui permettent aux gens de vivre une vie active », dont les comprimés d’antihistaminique, les vaporisateurs nasaux et les gouttes ophtalmiques. La Dre Waserman ajoute que l’exposition aux pollens ou aux acariens au moyen de vaccins ou de comprimés peut désensibiliser le système immunitaire et le rendre tolérant à ces allergènes, et ainsi éliminer les symptômes.
MYTHE : Les allergies ne surviennent pas l’hiver.
Faux. Les allergies peuvent survenir à n’importe quelle saison et à différents moments dans l’année, affirme le Dr Fischer. Les moisissures, les acariens et les poils d’animaux sont des allergènes présents tout au long de l’année dans nos maisons.
MYTHE : Seuls les vaccins sont efficaces contre les allergies.
C’est faux. « Selon les allergies que vous avez, éviter les allergènes ou prendre des médicaments, comme des comprimés d’antihistaminique et des corticostéroïdes intranasaux, sont des solutions efficaces », affirme la Dre Waserman. La désensibilisation par vaccins et par comprimés sublinguaux (sous la langue) est très efficace pour traiter les symptômes et peut aider à faire en sorte que le système immunitaire ne réagisse plus à l’allergène.
MYTHE : Tous les corticostéroïdes intranasaux et les antihistaminiques créent une dépendance et on finit par développer une résistance à ces médicaments.
Faux. « Les corticostéroïdes intranasaux prennent plus longtemps à agir, mais ne causent pas de dépendance », observe le Dr Fischer. Ses patients disent souvent qu’ils « s’habituent aux antihistaminiques », mais aucune étude n’appuie ces dires. Lorsque la densité pollinique est élevée, un comprimé d’antihistaminique peut ne pas être suffisant pour combattre les symptômes. Les personnes souffrant d’allergie peuvent alors recourir à d’autres moyens pour se soulager, comme les vaporisateurs nasaux, les gouttes ophtalmiques, ou encore l’immunothérapie.
Cet article s’appuie sur des entrevues menées par Joanne Richard, au nom de MétéoMédia, auprès de Susan Waserman, professeure à la division Immunologie et allergie de l’Université McMaster, du 29 mars au 2 avril 2019, et auprès du Dr David Fischer, spécialiste de la rhinite allergique et ancien président de la Société canadienne d’allergie et d’immunologie, du 27 mars au 3 avril 2019.