Cet agent littéraire vit au milieu d’un troupeau… de chèvres
Dring! Allô? Salut, as-tu le goût d’aller te promener, en montagne, avec des chèvres? (...) Je ne pouvais pas passer à côté. Même si le temps n’était pas idéal et que ça sentait l’automne plutôt que l'été, j'ai voulu faire partie du troupeau. (Rire) Des espadrilles, une paire de jeans et un coupe-vent plus tard, j’étais à bord de ma voiture, en route pour rencontrer l’homme qui murmure à l’oreille des chèvres, Patrick Leimgruber.
Aussitôt arrivée, il m’accueille sur la galerie de sa maison de campagne avec un chaleureux : bienvenue Véronique!
L’endroit est charmant. On est en pleine campagne estrienne, entouré de montagnes et de champs verdoyants. C’est très poétique!
Aussitôt la poignée de main faite, on se dirige d’un pas assuré vers la chèvrerie tout en découvrant au passage les autres pensionnaires de la ferme. La jument Blue, qui a 30 ans, les deux chiennes Joséphine et Stella, sans oublier le clan des matous.
EN AVANT LA COMPAGNIE
Patrick ramasse au passage les colliers sur lesquels sont accrochées d’énormes cloches. On va suivre les chèvres à l'œil et au son ça l’air!
C’est alors que l’on débouche sur l’enclos où elles nous attendent. Toutes. Trente-deux paires d’yeux qui guettent nos moindres faits et gestes. Impatientes de sortir.
Aussitôt que Patrick ouvre la porte de la clôture, il y a fête au village! C’est l’heure de la promenade et du buffet à volonté, et elles le savent trop bien.
C’est en marchant que Patrick me raconte comment toute cette histoire de promeneur de chèvres a commencé.
« J'ai rendu service à une amie qui a une chèvrerie pas loin d’ici et pour me remercier, elle m'a offert deux chèvres. Que je ne voulais pas parce que j’en avais déjà deux. Mais je me suis dit qu’une ou deux de plus, ce n'est pas très grave et quand je les ai prises, je suis tombé amoureux. Des chèvres, évidemment. (Rire) » - Patrick Leimgruber, propriétaire de la Chèvrerie du chemin Alderbrooke à Sutton
ÇA SE BOUSCULE À LA PORTE
C’est à ce moment-là que de deux, il est passé à quatre. Qui ont eu des bébés. Qui ont eu des bébés et… qui ont eu des bébés.
« Bien, j'ai commencé avec deux, puis maintenant j'en ai seize. (Rire.) Ça se multiplie. (Rire.) Puis, j'ai commencé à me promener avec les chèvres et leurs petits et ça a intéressé les gens. Le monde venait marcher avec moi parce que ça leur faisait du bien. Il faut dire que l’environnement est le ''fun'' à Sutton. Alors j'ai démarré tranquillement. J'ai ouvert une page Facebook et ça a eu un succès immédiat. C'est complètement inattendu. »
Et les gens se rendent à la chèvrerie pour toutes sortes de raisons. Certains sont là parce qu’ils aiment tout simplement les chèvres. Les hommes surtout. C’est ce que me confie Patrick. Souvent, c’est un cadeau qu’ils ont reçu de la part de leur douce moitié et c’est le coup de foudre!
D’autres sont là pour les paysages, pour la nature, et ont juste envie de sortir de la ville. Il y a même des habitués qui vont régulièrement faire le plein de biquettes. Une espèce de thérapie par les chèvres. Ceux-là, Patrick est convaincu qu’un jour, eux aussi, auront leur troupeau.
« Les gens se confient beaucoup. Moi j'écoute ce que les gens ont à me raconter. Et ce qui revient souvent à la fin de la promenade, c’est que les gens me disent, ça nous a fait beaucoup de bien. C’est ça l’idée. Avoir du ''fun''. »
CHÈVRES, BOULOT, DODO
Quand il n’a pas de compagnie, Patrick se promène avec un manuscrit sous le bras. Parce que les chèvres, ça n’a rien à voir avec son gagne-pain. Son travail est d’être agent littéraire au sein d’une agence artistique à Montréal.
« Pour avoir un ''job'' comme le mien, c'est bien d'avoir un équilibre. Je lis énormément de manuscrits en promenade. Je m'assois en haut d’une colline, les chèvres sont de super bonne humeur, et moi, pendant deux heures, je peux lire. Elles vivent leur vie, et puis moi la mienne. Ce sont des moments de quiétude et de réflexion. Ça m'apporte beaucoup. »
Même si tout ça semble être la vie idéale, « chèvres, boulot, dodo » ce n’est pas fait pour tout le monde. C’est beaucoup de travail.
« Je me lève très tôt. Entre 5 h et 7 h 30, je m'occupe des animaux. Après, je démarre ma journée de bureau normale, puis ensuite, je retourne voir mes chèvres en fin de journée. Certaines personnes trouvent que mon rythme de vie est trop intense. Pour moi, c’est mon entraînement. Je ne vais pas au ''gym''. Je fais des boxes, je promène des chèvres. (Rire) »
UNIQUE
Patrick fait partie de la gang. À force de les observer, il est en mesure de m’expliquer à quel point elles sont toutes différentes. Qu’elles ont chacune leur personnalité. Certaines sont douces et faciles et d’autres sont plutôt compliquées. Je dis à la blague; coudonc, Patrick, es-tu en train de parler de mes filles? (Rire)
« Ce sont des animaux, je dirais, coquins, têtus et passionnants. Elles sont grégaires. Elles aiment vivre en groupe. Elles vont toujours chercher où sont les autres et si elles ne les voient pas, ça n'aime pas ça. Et si elles sont inquiètes, elles vont venir vers moi. Je suis en principe l'élément sécurisant du troupeau. »
JASONS MÉTÉO
Je fais part à Patrick d’un truc que j’ai lu à propos des chèvres. Semblerait-il qu’elles ont peur de la pluie.
« Je ne sais pas si elles ont peur de la pluie, en revanche, elles détestent la pluie. Elles n'aiment vraiment pas ça. Et des promenades sous la pluie, je n'en fais plus parce que ça devient super plate. Au lieu d'être éparpillées et de s'amuser, elles vont se mettre en ligne derrière moi, avec la tête en bas. Zéro ''fun''. Zéro. C'est plate! Plate rare. »
HEIDI
De voir Patrick se balader avec ses chèvres, ça ne fait pas seulement réagir les curieux, mais aussi ses voisins. Gentiment, ils le taquinent et le surnomment Heidi.
« On se moque de moi. Beaucoup en fait. Mes voisins, qui ont aussi des fermes, ont plutôt des chevaux et des moutons. Ils se moquent de moi et me demandent si j'ai enfin retrouvé Heidi. ‘’Au nombre de fois où tu te promènes, tu dois quand même l'avoir retrouvée, depuis le temps non? ’’ (Rire) Il faut avoir une certaine dose d'humour parce que, en des termes assez crus, ils se foutent de moi assez sévèrement. Ils rient beaucoup. Mais moi aussi! (Rire.) »
GOURMANDISES ET CIE
Une chèvre, c’est une chèvre. Ça a besoin de se promener, de brouter, de ruminer et c’est heureux quand elle a ce genre de vie là.
J’apprends aussi que ce sont des animaux très coquins. Ça mange tout. Ça va manger vos fleurs, vos légumes, si vous avez un jardin, et ça se sauve aussi! C’est toujours à la recherche de manger quelque chose. Et si elles ont le malheur de passer dans une plate-bande, il ne restera plus rien. Et ce sera rapide! (Rire)
« Dans mon potager, on avait mis du grillage à poule pour les tenir à l’écart. Elles avaient sauté par-dessus. Elles s'en foutent complètement. Et moi, je les ai retrouvées dans le truc. Elles ont bouffé tous les choux. C'était vraiment la chèvre et le chou. Et elles ont tout bouffé. Ensuite, essayer d'expliquer que ce n'est pas ta faute. (Rire) Elles me font beaucoup rire. »
Pour marcher avec biquette, c’est simple, contactez Patrick via sa page Facebook ( https://www.facebook.com/profile.php?id=100057107333744 ) et vous m’en donnerez des nouvelles. Bêêê oui!