Si vous pensez installer votre climatiseur, lisez ceci avant

L’air climatisé a changé notre façon de vivre. Je ne parle pas uniquement en matière de confort, mais aussi du fait que la climatisation sauve des vies. Depuis son arrivée, au début des années 1900, la chaleur nous semble plus supportable. Avec le Dr Stéphane Perron, je m’informe des effets positifs et négatifs que peuvent avoir ces appareils, qui ont révolutionné notre monde.

Selon Statistique Canada, environ 64 % des ménages canadiens possèdent un climatiseur. Le Manitoba est la province qui arrive en tête. Par habitant, 90 % de la population en possède un, soit 9 Manitobains sur 10. Le Québec se classe en 4e position avec 63 % des ménages.

EFFETS POSITIFS

Les bienfaits sont nombreux. Une étude américaine publiée dans le Washington Post a démontré que le taux de mortalité lié à la chaleur a dégringolé d’environ 80 % entre 1960 et 2004, et ce, grâce à la climatisation de nos maisons.

« L’air climatisé nous permet d’atteindre un niveau de confort généralisé durant les épisodes caniculaires. Un point positif, on constate moins de décès liés à la chaleur, mais on constate aussi des bénéfices au niveau du bien-être et même au niveau cognitif. Quand il fait chaud, on a de la difficulté à dormir et à se reposer. On n'est pas capable de recharger nos batteries. Quand on dort au frais, quand on est bien, on est plus actif le jour et plus productif aussi. » - Dr Stéphane Perron, médecin spécialisé en santé et en environnement

ALLERGIES

Au Québec, une personne sur cinq souffre de rhinite saisonnière, aussi appelée rhume des foins. Les allergies débutent généralement au printemps et peuvent s’étirer jusqu’à la mi-octobre.

Mais est-ce que le fait d’avoir un climatiseur à la maison peut aider à diminuer nos symptômes d’allergies?

« Dans la mesure où toutes les portes et toutes les fenêtres de la maison sont fermées, oui. Et dans la mesure où l’air qui entre dans la maison, par notre climatiseur, est filtré, oui ça peut aider. »

BACTÉRIES ET MICROBES

Selon un rapport publié en 2022 par l'Institut national de santé publique du Québec, les Québécois passent en moyenne 90 % de leur temps à l’intérieur. D’être exposé jour après jour à la climatisation, est-ce que ça peut nous rendre malades?

« Si notre système est mal entretenu, alors oui on pourrait développer des allergies ou des infections plus ou moins graves. Il y a des façons d’utiliser l’air climatisé qui sont optimales. Mais comme tout système mécanique, il faut que ce soit bien entretenu et bien compris pour éviter le développement de microbes et de bactéries. »

Avoir le nez qui coule en pleine canicule est toujours surprenant. D'instinct, on pointe du doigt notre climatiseur. Est-ce vraiment lui le responsable?

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« Le froid ne rend pas malade. C’est plutôt la proximité des gens qui va augmenter le niveau de transmission d’un virus. On le sait, on l'a vécu avec la COVID. Si vous êtes dans votre maison et que vous vivez normalement et que votre niveau de confort est élevé, vous allez mieux dormir et votre système immunitaire sera plus fort pour combattre les microbes. La climatisation comme telle ne nous rend pas malades. C’est le comportement humain qui va jouer ce rôle. »

POUR NOTRE CONFORT

À l’intérieur d’une maison, l’indice de bien-être de tout un chacun est différent. De manière générale, la plage de températures idéales se situe entre 20 et 26 °C. Plus chaud ou plus froid, on vient d’augmenter le niveau d'inconfort. L’erreur que l’on fait parfois, c’est de «surclimatiser».

« On a tendance à sous-estimer l’importance du confort. Si on est confortable, on sera détendu et on sera bien. S’il fait trop froid, on va grelotter et on ne sera plus bien. Notre corps va se contracter et la tension pourrait nous donner des maux de tête. Pour l’environnement aussi, c’est néfaste. On va gaspiller de l’énergie et au bout du compte dépenser plus, pour rien. Il faut donc apprendre à adopter une stratégie de confort de manière intelligente. Si la climatisation n’est pas nécessaire et que c’est frais dehors, on éteint.»

L’ANNÉE 2010

En 2010, le Québec a beaucoup souffert de la chaleur. Durant cinq jours consécutifs, soit du 6 au 11 juillet, la température moyenne de jour était de 33 °C. La nuit, les températures sont restées à plus de 20 °C pendant neuf jours. Selon l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, 106 personnes seraient décédées en lien avec la chaleur.

« Notre pire ennemi c’est le chaud. Le meilleur moyen de se protéger reste la climatisation. Suite à l’épisode caniculaire de 2010, on s’est aperçu que beaucoup de gens se sont munis d’un climatiseur. S'il fait trop chaud, notre corps active ses mécanismes de défense. On va suer abondamment et on va avoir soif.

Chez les personnes vulnérables, comme les personnes âgées ou les personnes avec des maladies chroniques, ces mécanismes fonctionnent moins bien. Ces gens-là sont donc plus à risque. Et ce qu’il faut comprendre, c’est qu’un coup de chaleur est un stress physiologique assez important. L’être humain n’est pas fait pour vivre à des températures de 40 °C ou 50 °C. On n'est pas adapté à ça. »

L’HISTOIRE COMMENCE À NEW YORK

L’ingénieur américain Willis Carrier serait l’inventeur de l’air climatisé. En 1902, il travaille pour un imprimeur de Brooklyn. Parce que l'air à l’intérieur du bâtiment est trop humide, l’encre coule. Son patron lui demande alors d’inventer une machine capable de déshumidifier l'air. C’est à ce moment-là qu’il découvre que non seulement sa machine fait baisser le taux d’humidité de l’usine, mais qu’en plus, elle rafraîchit l’air.

Le grand public devra patienter jusqu’en 1920 avant que la climatisation fasse son entrée dans les salles de cinéma et jusque dans les années 1950 avant que son invention se répande partout aux États-Unis et ailleurs dans le monde.

Décidément, l'air climatisé améliore notre qualité de vie.

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