Elle fabrique des savons légendaires
À l’époque où j’ai connu Marie-Ève Lejour, elle fabriquait des savons dans son sous-sol, à Eastman. Elle a fait cela pendant onze ans avant d’ouvrir sa boutique, la Savonnerie des Diligences. Voici comment elle veut changer le monde, un savon à la fois.
En poussant la porte de sa boutique-atelier, j’ai tout de suite aimé l’odeur. C’est frais, c’est vivifiant, c’est enveloppant et c’est surtout, très coloré ! Il y en a tellement à sentir, qu’on ne sait plus à quelle « narine se vouer ». On est loin du pain de savon blanc et ennuyeux.
« J’avais vraiment envie de fabriquer quelque chose de plus grand que le produit de consommation de base ». — Marie-Ève Lejour, propriétaire de la Savonnerie des Diligences.
Marie-Ève ne vient pas d’une famille d’entrepreneurs. Loin de là. Sa mère est enseignante au primaire et Marie-Ève a un baccalauréat en études françaises. Mais, elle a toujours été très créative de ses dix doigts. Elle aimait faire son potager, faire ses propres huiles à massage et a commencé à faire des savons, un peu par hasard.
Rendre extraordinaire, l’ordinaire
À la base, c’était pour répondre à un besoin bien personnel. Marie-Ève fait de l’eczéma.
Elle me raconte qu’elle adore nager, mais qu’elle s’en privait parce que chaque fois c’était l’enfer. Juste prendre une douche devenait une torture. Avec le temps, elle s’est aperçue que son besoin personnel répondait aux besoins de beaucoup de gens.
« Moi, j’étais de celles qui imaginaient des stratégies pour essayer de passer un hiver pas trop pire avec une peau qui ne tombe pas trop. Fabriquer des produits naturels, sans produits toxiques, ça a changé ma vie… et ma peau ! » - Marie-Ève Lejour
Faire des savons, c’est un peu comme faire un gâteau. Il faut suivre la recette. Marie-Ève aime le mouvement, la précision et l’exactitude qu’exige la fabrication. Elle travaille beaucoup avec les huiles essentielles du Québec. Elle aime les odeurs boréales comme le sapin, le cèdre et l’épinette. Selon elle, il y a quelque chose de très sensuel dans le savon parce que c’est un produit de l’intimité.
« On l’utilise tous les jours et il est en contact direct avec notre peau ». — Marie-Ève Lejour
Il était une fois
Mais comment rendre magique un produit de consommation ordinaire ? C’est là où les légendes entrent en jeu.
« Au départ, c’était pour m’amuser. J’ai pratiquement tout lu ce qui s’était écrit de légendes au Québec et je me suis mise à rédiger des contes puis à les coller avec chacun de mes savons ». — Marie-Ève Lejour
Ces légendes gravitent surtout autour des Cantons-de-l’Est. Chaque savon est un joyeux mélange d’imagination et d’histoire. Par exemple, Le Cocher est inspiré d’une écurie qui aurait existé sur le chemin des Diligences à Eastman. Ou encore, Madame Blancheville fait allusion à l’effondrement du pont ferroviaire en 1907. En s’associant avec un graphiste, ses contes ont pris vie et sont devenus sa marque de commerce.
« Ma légende préférée, je crois que c’est le Rêveur, parce que ça me représente vraiment. Mais je l’ai écrite en pensant à mon fils. Mais en fait, c’est moi aussi ». — Marie-Ève Lejour
Son envie de vivre à la campagne l’a menée vers l’Estrie. Comme si c’était prédestiné. Pour elle, Eastman offre le plus beau panorama au monde. De l’autoroute 10, on peut apercevoir le mont Orford, le lac, la forêt, c’est de cela qu’elle avait besoin en quittant Montréal.
En changeant de vie, Marie-Ève a, du coup, changé notre routine matinale !
Rendez-vous… à Eastman, dans les Cantons-de-l’Est !