Une rare pêcheuse de homards au Québec
Ce que je connais de la Gaspésie ? Les trucs classiques que monsieur et madame Tout-le-Monde fréquentent. Mais je ne connais pas véritablement LA Gaspésie. Celle que ses habitants affectionnent. Heureusement, Alexandra Labbé a croisé ma route et elle me parle de cet endroit qu’elle aime tant.
Les Gaspésiens sont trop fins, trop gentils. On a le cœur sur la main - Alexandra Labbé, capitaine de homardier
Elle me dit ça avec un énorme sourire. Un sourire invitant qui me donne envie d’aller la rejoindre, m'asseoir sur le bord de la grève, pour jaser et profiter de la vie.
Les débuts
Alexandra Labbé est dans la jeune trentaine. Elle est, depuis 2016, capitaine d’un homardier de 235 casiers. Entre les mois d’avril et juillet, elle pêche au large de Cannes-de-Roches, avec vue sur le Rocher Percé et l'île Bonaventure. Il faut le faire ! Des femmes comme elles, il y en a, mais elles ne sont pas nombreuses. La pêche est un métier difficile, physiquement et mentalement.
"Comme femme, il ne faut pas être gênée de prendre notre place. On ne doit pas se laisser décourager, il faut se faire confiance, foncer et garder notre caractère de cochon"
Son métier, sa passion, elle les tient de son père, Bernard Labbé. Depuis qu’elle est toute petite, elle voulait suivre ses traces. Il lui a tout appris.
« Enfant, quand il faisait trop froid ou que la mer était trop agitée, mon père, pour me protéger, me disait de l’attendre sur le quai. Un jour, j’ai dit ça suffit ! » - Alexandra
Le courage
Alexandra et son père ont pêché ensemble durant environ trois ans. Jusqu’au jour où il est tombé malade, c’était en avril 2015. Ensuite, c’est elle qui, par la force des choses, est devenue capitaine. Elle s’est retrouvée aux commandes du bateau Le Noroît 1. Heureusement, les amis de son père étaient là pour la guider. Aujourd’hui, elle peut dire que, sans eux, elle n'aurait pas réussi.
__« Ce qui est spécial, c’est que quand tu es petit, tes parents te montrent tout. Quand mon père est tombé malade, les rôles se sont inversés. C’était à son tour de m’attendre sur le quai. » - Alexandra __
Son métier, elle l’aime d’amour ! Son bureau, comme elle me l’explique, c’est l’air, c’est l’eau salée, ce sont les goélands, les Fous de Bassan et les baleines. L’écouter parler me donne le goût, à moi aussi, de prendre le large.
Endroit magique
En parlant avec Alexandra, j’étais curieuse de connaître son endroit préféré. Généreuse, elle me parle de Corner Beach, qu’on appelle aussi la plage des pêcheurs. Elle décrit l’endroit comme étant une mini plage d'Hawaï.
« Il fait tout le temps beau. Il fait tout le temps chaud. C’est notre point de repère et notre lieu de rencontre. » - Alexandra
L’endroit est magique ! Plusieurs personnes tombent sous le charme et décident d’y planter leur tente ou de dormir à la belle étoile.
D’autres choisissent cet endroit pour unir leur destinée, les pieds dans le sable et le bruit des vagues en guise de trame sonore.
Pour Alexandra, c’est à Corner Beach que tout a commencé. Le déclic s’est fait sur la grève. Et c’est là que sont enfouis ses souvenirs les plus précieux.
« J’ai toujours l’image de mon père sur le bord de l’anse qui me fait un beau salut et m’envoie un bec et qui me dit : Bon voyage ! » - Alexandra